• Saratoga Woods, Elizabeth GEORGELa jeune Hannah Armstrong possède un étrange pouvoir. Elle entend les pensées des autres, leurs « murmures » comme elle les qualifie. Un jour, elle comprend que son beau-père vient de commettre un meurtre. Pour la protéger, sa mère décide de l’envoyer sous une nouvelle identité sur l’île de Whidbey, au large de Seattle. Malheureusement, une fois sur place, rien ne se passe comme prévu pour celle qui se fait désormais appeler Becca King. La personne censée l’accueillir ne l’attend pas au débarcadère. Et ne s’y présentera jamais. Livrée à elle-même, Becca doit dorénavant se débrouiller seule, dans un endroit qu’elle ne connait pas et dont les habitants, comme elle ne tarde pas à le découvrir, semblent tous receler une part d’ombre…

    Mon avis :

    Après Senécal et Coben, Elisabeth George nous propose un « suspens jeunesse ».
    Il y a longtemps que je souhaite découvrir Elisabeth George. C’est donc avec enthousiasme que j’ai participé au concours de Miss Alfie croqueuse de livres, espérant gagner Saratoga Woods. Ce roman n’est pas un policier. Il oscille entre le fantastique, le suspens, l’aventure et plaira certainement aux jeunes adolescents.

    Le récit se découpe en quatre parties, la première mettant en place la situation initiale et la situation problème. L’île nous est sommairement décrite de même que les habitants. On les découvrira au fil de l’avancée du récit mais on perçoit déjà que les autochtones ont plus de choses à cacher qu’il n’y paraît. Aucun n’est tout à fait celui qu’il semble être.
    Il fallait ce roman, je pense, pour présenter l’environnement dans lequel va évoluer Becca durant les quatre tomes prévus. De ce fait, son histoire personnelle passe en arrière plan et on reste un peu sur sa faim. La quatrième de couverture laissait envisager du suspens, de l’angoisse, une fuite éperdue… on est loin du compte. Cependant, l’histoire n’est pas inintéressante et ouvre de nombreuses questions dont on a hâte de découvrir les réponses. On sent déjà que la route sera ardue avant que Becca ne retrouve sa mère et ne puisse tourner le dos à son passé.

    Les nombreux personnages qui côtoient Becca dans ce roman ont une personnalité bien particulière et des blessures plus ou moins douloureuses, cicatrisées ou non. Cela permet à Becca de relativiser ses propres problèmes. Finement décrits psychologiquement, ils ont des réactions et attitudes plausibles (bien que très conformistes) qui participent à l’intérêt du récit. On s’attache à chacun, souhaitant savoir comment ils évolueront tous dans la suite.
    En ce qui concerne le dénouement, je suis pourtant restée sur ma faim. Si la chute est plausible, si sa résolution est adroitement amenée, tout semble cependant se précipiter dans les quarante dernières pages, comme s’il fallait que certaines portes soient refermées avant d’entamer le tome deux. L’originalité aurait été de laisser plus de résolutions en suspens.

    J’ai malgré tout apprécié ma lecture, divertissante en ce début de congé, à l’écriture efficace et elle devrait intéresser aussi les jeunes auxquels elle est destinée. Amour, amitié, relations entre jeunes, secrets, adoption, vie insulaire… sont autant de thèmes qui devraient leur plaire.
    Un récit à lire dès douze ans.

    Merci aux Presses de la Cité de m'avoir fait parvenir ce roman.

     

     

     

     

     

    Pin It

    3 commentaires
  • Alexandre le Grand, Jusqu'au bout du monde, Hélène MONTARDRE«J'irai plus loin ; beaucoup plus loin. J'irai là où jamais mon père ne serait allé, et mon nom résonnera jusqu'au bout du monde.»
    Alexandre est le fils de Philippe, le roi de Macédoine, qui le forme depuis son plus jeune âge à devenir un grand souverain. Alexandre a d'ailleurs déjà accompli quelques exploits, parmi lesquels dompter le cheval Bucéphale, qui l'accompagnera plus tard dans ses conquêtes...
    Mais Philippe est assassiné. A 20 ans. Alexandre monte sur le trône de Macédoine. Son ambition est grande, et il veut poursuivre le rêve de son père : porter le rayonnement de la Macédoine au plus haut, au plus loin. Ce qu'il découvre par-delà les contrées et les frontières va l'émerveiller...

    Mon avis :

    J’ai pris plaisir à replonger dans une l’histoire antique, souvenir de mes humanités classiques.
    De l’enfance à l’âge adulte, nous suivons cet homme à l’intelligence exceptionnelle, élève d’Aristote. L’auteur, en recoupant des documents historiques variés, nous présente Alexandre, sûr de lui et de sa puissance, à la fois réfléchi et impulsif. Le récit à la première personne nous plonge dans ses pensées.La vie de roi le confronte à des choix, des dilemmes, des compromis et il est intéressant de suivre le cheminement de ses réflexions. En cela, l’auteur a pris quelque liberté mais cela n’altère pas la justesse historique du récit.

    Le ton est solennel, le langage soutenu ; on visualise aisément les scènes grâce à leur description presque cinématographique. Cela plaira certainement aux enfants de 9-10 pour lesquels ce roman a été écrit.

    On peut cependant regretter la brièveté de l’évocation : deux ou trois pages pour chaque fait raconté, c’est un peu court.

    Comme souvent aux éditions Nathan, cet ouvrage sert d’amorce, d’apéritif. A chacun de poursuivre ou non sa découverte du personnage et des faits à travers des récits historiques.

     

     

     

     

     

    Pin It

    votre commentaire
  • Le dernier ami de Jaurès, Tania SOLLOGOUBRue de la Tour à Paris, une fenêtre éclairée sous les toits. Derrière cette fenêtre, un homme écrit un éditorial pour le journal L’humanité. Il espère de toutes ses forces qu’une grève générale, internationale, pourra empêcher la guerre. Il s’appelle Jean Jaurès, il est en danger de mort. Près de lui, le peuple de Paris a juré de le protéger. Ils s’appellent Suzanne, Lucien, Mallavec, Paul.
    En cette fin du mois de juillet 1914, Paul a quinze ans, il ne croit pas encore à la guerre. Il est tombé fou amoureux de Madeleine, une jeune fille de la bourgeoisie, à qui il n’a pas le droit d’adresser la parole.
    Ce soir-là, rue de la Tour, en gravissant les marches qui mènent à la chambre de Jaurès, il ignore que cet homme va non seulement lui accorder sa confiance, devenir le confident de son secret, mais aussi, lui donner la force de changer son destin.

    Mon avis :

    Tania Sollogoub est économiste, enseignante et maitre de conférences à l’IEP de Paris. Elle est aussi écrivain pour la jeunesse dans le but de « changer le monde et prendre ses rêves au sérieux ».

    Son roman nous conte la genèse de la Première Guerre mondiale, en six parties, évoquant des rues ou immeubles de Paris. Du 28 juin au 31 juillet 1914, de l’assassinat de l’archiduc d’Autriche, François-Ferdinand, à celui de Jean Jaurès, nous découvrons les temps forts à l’origine de ce sanglant conflit.
    Chaque partie débute par quelques pages en italique racontant les grands événements historiques qui ont marqué ces quelques semaines. Ensuite, l’auteure nous entraine dans Paris où nous suivons Jean Jaurès et des gens du peuple qui l’ont côtoyé, vivant au rythme de l’actualité, d’espoir de changement en crainte pour l’avenir. Les ouvriers espèrent en des jours meilleurs, en une union des travailleurs voire une grève générale qui s’étendrait au-delà des frontières et empêcherait par-là même la guerre dont certains parlent du bout des lèvres. Car il faut que les choses changent : la richesse des uns est trop grande par rapport à la misère des autres. L’exploitation de l’homme par l’homme ne peut continuer. Que ce soit en France ou en Russie ou ailleurs, le peuple menace. Les prolétaires européens parlent de Révolution.

    C’est dans ce contexte que Paul, quinze ans, tombe amoureux. Un amour impossible. C’est aussi le moment où, grâce à son beau-père, il fait la connaissance de Jaurès. En quelques semaines, sa vie et celle de l’Europe va basculer.

    Alliant récit historique clair, rigoureux mais abordable pour les plus jeunes et récit de vie narrant les premiers émois de Paul, l’amour que partagent Suzanne et Lucien, les espoirs de Mallavec et de Catherine, ce roman destiné aux 12–16 ans est remarquable. En mêlant réalité et fiction, Tania Sollogoub rend compte avec justesse du bouillonnement de cette période. Bouillonnement d’idées, de vie, d’espoirs qui prendront malheureusement fin tragiquement. Dans une langue riche, elle réussit à nous faire vivre au rythme du Paris de l’époque, mettant l’Histoire à portée des plus jeunes.
    En cette veille du centenaire de la Première Guerre mondiale, ce roman magnifique vaut la peine d’être proposé aux adolescents afin qu’il découvre une époque rarement écrite pour eux.

     

    Le dernier ami de Jaurès, Tania SOLLOGOUB

     

     

     

     

     

     

    Pin It

    1 commentaire
  • Coeur de pierre, Marie SELLIERMars 1913, sur l’île de la Cité, à Paris. Le jeune Émile est réveillé en pleine nuit par un fracas épouvantable. Le bruit vient du logement du rez-de-chaussée où habite une femme étrange, une sorte de clocharde qui se barricade le jour et sort furtivement la nuit. Qui est-elle ?
    Le lendemain, Émile se rend avec son amie Luce chez le célèbre sculpteur Rodin qui a proposé de faire leur portrait. Au fil de la conversation, Rodin évoque une mystérieuse sculptrice qui ressemble fort à la voisine d’Émile… Et si c’était elle ?
     

    Mon avis :

    Marie Sellier s’est spécialisée dans les biographies romancées de personnages célèbres. Après Léonard de Vinci et Picasso, elle nous conte ici les derniers jours de Camille Claudel avant son internement, en 1913. L’occasion de nous parler de sa famille, de sa relation tumultueuse avec Rodin et de son œuvre.
    Nous découvrons Camille à travers une famille, les Bouchon, et le point de vue de chacun sur cette étrange voisine, folle à n’en pas douter ou alors très malheureuse. Délaissée par les siens, malade, sujette à une dépression paranoïaque, elle vit misérablement au 19 quai de Bourbon, dans son atelier. C'est là que sur demande de la famille, on viendra la chercher le 10 mars 1913 pour la faire entrer à l'asile. Elle restera internée trente ans.

    Mêlant une fois encore réalité et fiction, Marie Sellier nous offre un roman émouvant et assez objectif sur Camille Claudel et son entourage, nous rappelant au passage que la condition féminine ne fut pas toujours enviable.
    Un récit plaisant et bien écrit qui donnera certainement envie aux jeunes d’en connaitre plus sur ces deux grands artistes et sur leurs œuvres.

     

    Coeur de pierre, Marie SELLIER

     

     

     

    Pin It

    4 commentaires
  • Mon Américain, Jean-Paul NOZIEREJérémie Crew arrive tout droit des Etats-Unis dans la classe de 4e de Marina, jeune Martiniquaise, impressionnée et charmée par l'adolescent. Bientôt, Marina et Jérémie tombent amoureux, mais Jérémie reste secret et adopte parfois une attitude si bizarre que Marina commence à douter de ce qu'il prétend être...

    Mon avis :

    Ce court roman de 128 pages aborde des thèmes divers comme la famille, la précarité, les premiers émois, l’acceptation de la différence…

    Paru chez Nathan dans la collection « Mes années collèges », il cible les jeunes de 12-13 ans. C’est d’ailleurs l’âge des personnages mis en scène par Jean-Paul Nozière. Cette collection invite des écrivains à donner à la première personne, la parole et une voix intime à des collégiens.
    L’histoire est donc racontée par Marina, jeune fille réservée, un peu en marge de sa classe qu’elle trouve immature. L’arrivée de Jérémie va changer son quotidien. Pour la première fois, un garçon s’intéresse à elle et en plus, elle peut parler littérature avec lui. Elle est charmée et impressionnée par ce jeune homme différent.

    J’ai un peu de mal à exprimer mon ressenti suite à cette lecture qui n’a pas su me convaincre. Il y a d’abord un côté caricatural qui m’a dérangé, comme ces élèves socialement défavorisés appelés Kevin et Youssef et dont le langage est plutôt fleuri. De plus, leur professeur de français est géniale et les passionne avec la lecture de « La vie devant de soi ». Est-ce vraiment une lecture donnée en 4e ?
    A contrario, son attitude bafoue la déontologie lorsqu’elle lit et commente à la classe, la fiche signalétique de Jérémie. Attitude inappropriée qui n’apporte rien à l’histoire et que je n’ai pas comprise.
    Enfin, le dénouement attendu est un peu précipité et l’on reste sur sa faim face à une chute aussi brutale.

    Je me demande si les jeunes se laisseront séduire et si ce récit leur parlera. En ce qui me concerne, ce ne fut pas le cas.

     

     

     Mon Américain, Jean-Paul NOZIERE

     

     

    Pin It

    2 commentaires
  • La fille qui n'aimait pas les fins, Y. HASSAN & M. RADENACMaya est une amoureuse des livres. Elle en a déjà cent trente-quatre ! Sa mère, qui ne peut pas lui acheter tous les livres de la terre, l’inscrit contre son gré à la bibliothèque. Dans ce lieu paisible et studieux, Maya va faire la rencontre d’un vieux monsieur plein de fantaisie, qui l’intrigue beaucoup et dont elle se sent proche. Qui est réellement le mystérieux Manuelo ? La plus belle des surprises est au bout de l'histoire... 

    Mon avis :

    Quelle jolie découverte ! J’ai vraiment beaucoup aimé la fraicheur et l’humanité qui émaillent ce récit d’un bout à l’autre. Une fois de plus, Yaël Hassan touche au cœur grâce à une histoire sensible construite avec finesse et intelligence. Aidée en cela par un jeune auteur, Matt7ieu Radenac. Ils nous offrent un récit choral à quatre mains qui plaira sans nul doute aux jeunes lecteurs.

    Maya a hérité la passion des livres de son papa qui lui lisait une histoire chaque soir. Mais dans son entourage, personne ne semble partager cette passion. Sa mère ne lit que des ouvrages sur les oiseaux migrateurs et son beau-père préfère le foot. Le jour où elle rencontre à la bibliothèque un vieux monsieur qui la comprend, une amitié réelle se noue entre eux. Elle qui n'aime pas achever ses livres, par peur d'être déçue de la fin, va apprendre grâce à Manuelo qu'un écrivain peut surprendre ses lecteurs et que la fin n'est en fait qu'une étape. 
    Dans les conversations qu’ils partagent, ils vont échanger des points de vue très intéressants sur la lecture, les livres, les écrivains et les lecteurs. Mais aussi se découvrir, apprendre à se connaitre et créer des liens inattendus.

    Ce roman incite à la réflexion sur de nombreux sujets (la communication familiale, l’hérédité, la littérature, l’amour…) et défend à la fois la langue française et la lecture. Les personnages sont bien cernés, leurs sentiments bien décrits et les adultes sont présentés avec des failles, capables de commettre des erreurs mais aussi d’aimer et de pardonner. Une approche intéressante et importante pour les enfants.
    L'alternance des points de vue qui nous sont donnés à travers les pensées de Maya et Manuelo ou leurs échanges de mails est aussi un des aspects attrayants du récit.

    Un premier roman de cette rentrée littéraire 2013, édité chez Syros, qui est aussi pour moi un premier coup de cœur.

      

     La fille qui n'aimait pas les fins, Y. HASSAN & M. RADENAC

     

     

    Pin It

    11 commentaires
  • Ma vie toute pourrie, Je m’appelle Sam Wallis, j’ai 13 ans, et aujourd'hui, ma vie est… toute pourrie. Gemma, ma meilleure amie du monde entier, vient de déménager à des millions de kilomètres. Avec elle, je rigolais, je faisais des listes de «points positifs/points négatifs», et j'assumais mes sweats roses avec des chevaux. Maintenant qu’elle est partie, tout ce que je faisais me semble nul et puéril et j’en arrive à me demander si ce n’est pas moi qui suis nulle et puérile. Surtout depuis que je me suis ridiculisée à vie devant David Matthieson, alors qu’il m’avait souri (!!!) Bref, je vous l'avais bien dit, ma vie est toute pourrie…

    Mon avis :

    Un roman ado des éditions Nathan qui ravira sans aucun doute les filles de douze-treize ans. Impossible de ne pas se retrouver dans les pensées et aventures quotidiennes de Sam, aux préoccupations universelles : ses amies, sa famille, ses amours…
    Sam est vive, énergique et drôle. Elle pratique l’autodérision et il est bien agréable de la suivre de l’école au haras en passant par la maison et les longues discussions qu’elle échange sur le net avec Gemma. En recherche d’un look, de reconnaissance et d’affection, elle n’en garde pas moins une vision claire et juste des choses, aidée en cela par Gemma, qui même à distance, la perce à jour et lui parle en toute franchise.
    L’auteur glisse dans l’histoire des sujets de réflexion plus sérieux, comme ceux qui touchent les adultes, par exemple et cela donne un peu de profondeur à une histoire toute simple. On pourrait, comme moi, déplorer les changements de style entre la narration à la 1e personne, les listes, les échanges de mails et les statuts Facebook. Mais il y a fort à parier que les jeunes ne s’en formaliseront pas, au contraire.

    En résumé, voilà un roman sympathique, optimiste et délassant qui devrait ravir les jeunes lectrices.

     

     

     

    Pin It

    4 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique