• Le Chagall d' Armentières, Emmanuel SYSMais où est donc passé David Verstraete ? Le peintre armentièrois n’a pas donné signe de vie depuis plusieurs jours. Selon ses proches, il n’y aurait pas matière à s’inquiéter. Ce n’est pourtant pas l’avis du lieutenant de police judiciaire, Frédéric Preux. Surtout après avoir été agressé au domicile du disparu. Déjà bien occupés par le meurtre d’un étudiant, Preux et sa collègue Sylvie Monin vont se pencher sur ce mystère. Apparemment, ce ne sont pas les suspects qui manquent…

    Mon avis :

    Découvert à Templemars, Emmanuel Sys a su me séduire par sa simplicité d’abord, par son écriture ensuite. Ce cinquième roman de l’auteur est prenant d’un bout à l’autre et donne envie d’en découvrir le fin mot dès qu’on l’a entamé. N’est-ce pas ce qu’on demande à un bon polar ?

    L’auteur choisit de situer l’intrigue dans un univers proche de lui. Il nous emmène dans les rues d’Armentières que ses personnages arpentent tout au long de l’enquête. Il nous décrit la ville en détails, en fait un personnage à part entière, mais ne s’appesantit jamais.
    Plongeant dans le monde de l’art, de la peinture et des spéculations, la PJ se voit balader d’un peintre à un galeriste sans parvenir à relier le tout pour dénouer le vrai du faux.
    Des personnages touchants, proches du lecteur, une intrigue maîtrisée nous laissant volontairement dans le flou, nous entrainent dans une lecture plaisir à la plume agréable. Une belle surprise que cet auteur régional qui n’a pas grand-chose à envier à certains plus connus.

     

     

     

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  • Misery, Stephen KINGMisery Chastain est morte. Paul Sheldon l'a tuée avec plaisir. Tout cela est bien normal, Misery Chastain est sa créature, le personnage principal de ses romans. Elle lui rapporte beaucoup d'argent, mais l'a aussi étouffé : sa mort l'a enfin libéré. Maintenant, il peut écrire un nouveau livre.
    Un accident de voiture le laisse paralysé aux mains d'Annie Wilkes, l'infirmière qui le soigne chez elle. Une infirmière parfaite, qui adore ses livres, mais ne lui pardonne pas d'avoir fait mourir Misery Chastain. Alors, cloué dans sa chaise roulante, Paul Sheldon fait revivre Misery. Il n'a pas le choix...
     

    Mon avis :

    Paru en 1987, Misery a été adapté au cinéma en 1990. Je n’avais pourtant encore jamais lu ce roman devenu un classique du genre. Choisi par le Club de lecture pour illustrer le thème d’Halloween, il fut mon livre de chevet cette semaine. Brrr.

    Sans doute a-t-on écrit plus sanguinolent, plus cruel, plus traumatisant depuis mais ce roman mêle particulièrement bien les genres et fait mouche. King reste d’ailleurs une référence pour de nombreux auteurs de thrillers.
    L’intérêt de Misery réside dans le traitement du sujet. Dans ce huis-clos implacable mettant en scène un écrivain et sa plus grande fan, maniaco-dépressive, King joue à loisir des situations tendues, sur le fil, laissant craindre le pire à tout instant. Il joue avec nos nerfs et le fait bien – notamment lors de la première « évasion » de Sheldon hors de sa chambre. La description de tout ce qu’il met en œuvre, la peur, la douleur et la crainte de voir surgir Annie Wilkes sont méticuleusement dépeintes et parviennent à nous angoisser également.

    Tant l’écrivain que son geôlier ont une personnalité complexe à la psychologie problématique. Il est vraisemblable que King ait donné à Sheldon des caractéristiques et réactions puisées dans sa propre vie. Les passages de dépendances au Novril sont d’ailleurs tellement bien décrits qu’on peut supposer qu’il les a lui-même vécus. De même les états d’âme de Sheldon et ses interrogations sur son métier d’écrivain semblent exprimer les angoisses et les préoccupations de Stephen King. Soumis à la critique du public et des « professionnels », vampirisé par les admirateurs trop fervents, harcelé même, l’écrivain doit faire face à une pression insoupçonnée. Poussée ici à son paroxysme, elle en devient terrifiante.

    La mise en abîme du roman apporte également un effet de réalisme très plausible, nous mettant face à une admiratrice qui développe un transfert exacerbé allant jusqu’à influencer l’écriture même de son idole. Annie Wilkes est une psychopathe, maniaco-dépressive. Cela entraine une humeur instable, explosive, et des comportements excessifs qui peuvent à tout instant la faire basculer dans la folie. Amener Sheldon à réagir en fonction de ces pulsions, afin de les déjouer et de la manipuler, rend le scénario machiavélique à souhait et le suspense haletant.

    J’ai apprécié ce récit, sa double lecture et le mélange des genres ainsi que le climat de tension qui s’installe crescendo. Il me reste maintenant à découvrir le film qui en a été tiré.

     

     

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  •  Crimes et curare, Pierre MACHUA Lille, deux jeunes femmes sont retrouvées mortes à quelques jours d’intervalle. L’une, qualifiée de « fille mauvaise vie », l’autre « de bonne famille ». Le point commun entre ces deux affaires ? L’assassin affectionne les injections de curare. Pour le lieutenant Jean-Alain Lejambier, il apparait clairement que le tueur fréquente le milieu hospitalier. Mais quelle est son identité ? Et son mobile ? C’est ce que cherche à découvrir Jean-Alain entre deux relations amoureuses mouvementées.

    Mon avis :

    Après avoir fait carrière au sein de quotidiens du Nord, Pierre Machu est passé à l’écriture. Il nous propose ici son premier roman, se déroulant pour l’essentiel à Lille.

    L’intrigue simple et linéaire nous entraine sur les traces d’un mystérieux tueur qui s’en prend uniquement aux femmes. Pas de victime type, pas de point commun entre elles, l’affaire s’annonce difficile pour le lieutenant Lejambier. Tiraillé entre ses obligations professionnelles et sa vie privée, Jean-Alain Lejambier tente difficilement de mener les deux à bien, quand une seconde affaire lui est confiée. Affaire dont on aurait pu se passer, à mon avis, car elle n’apporte rien à l’histoire et n’est pas très convaincante.
    J’ai découvert cet auteur et ce roman au salon de Templemars ; un auteur discret, presque surpris d’être là. Je me suis laissé tenter.
    J’ai aimé l’ancrage de l’histoire à Lille, une ville bien connue de l’auteur, et que je venais de découvrir moi aussi. Les lieux finement décrits sont parfaitement reconnaissables. J’ai apprécié le langage clair et précis mâtiné de quelques expressions régionales (j’ai découvert pluquer dans le sachet de chips, barguigner ou se poupougner).

    Je regrette cependant la trop grande simplicité de l’intrigue et quelques maladresses inhérentes à un premier roman comme vouloir trop en dire pour que le lecteur comprenne bien. Une petite remarque aussi, Liège en néerlandais se dit Luik et non Lijk.

    Malgré tout, j’ai passé une bonne soirée à lire ce premier roman sans prétention, lors de mon week-end dans le Nord.

    Crimes et curare, Pierre MACHU

     

     

     

     

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  • Chambres froides, Philip KERRSaint-Pétersbourg, 1993 : Bureau central des enquêtes. Le colonel Grouchko, spécialiste de la lutte contre le crime organisé reçoit son homologue moscovite pour lui montrer l’efficacité de ses méthodes d’investigation. Il vient de recevoir l’ordre d’enquêter sur l’assassinat d’un journaliste vedette, fouineur invétéré, dénonciateur des scandales et autres trafics qui étouffent la Russie postsoviétique. Avec les moyens limités de cette police à l’ancienne, Grouchko et son acolyte se lancent dans cette affaire mêlant corruption, pots-de-vin, pénuries en tout genre, rackets, mafiosi géorgiens, et viande avariée.

    Mon avis :

    Philip Kerr nous emmène loin de la Seconde Guerre mondiale pour ce roman noir paru en 1993 et traduit en 2009, premier roman de l’auteur. L’intrigue se déroule en 1993, dans une Russie post soviétique en plein désarroi. La politique a changé, Eltsine est au pouvoir, le capitalisme a envahi le pays mais la population fait toujours la file dans les magasins d’état pour se procurer des denrées rationnées et 500 gr de viande coûtent une semaine de salaire de flic.
    C’est dans cette société à deux vitesses que Philip Kerr plante le décor de son intrigue -une série de meurtres dont on cherche le dénominateur commun- entre corruption, trafic d’influence et mafia. Autant de thèmes qui aident à créer une atmosphère lourde, délétère et angoissante. Déstabilisés, sans points de repère, les Russes rêvent d’Occident, de vie facile et l’intégrité devient une valeur en voie de disparition.

    Moins enlevé et dense que les aventures de Bernie Gunther, l’intérêt de ce policier de facture classique est dans la description de la société russe, de ses institutions et de la vie de ses habitants. L’intrigue a du mal à décoller et le dénouement tardif est précipité. Néanmoins, on sent dans ce premier roman, ce qui fera les qualités de Philip Kerr, un cadre spatio-temporel précis, documenté et richement illustré.
    A lire pour (re)découvrir cette période et ce pays et pour affiner sa connaissance de l’œuvre de l’auteur.

      

     Chambres froides, Philip KERR

     

     

     

     

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  • Holmes (1854-1891?), L'ombre du doute, CECIL & BRUNSCHWIGCe troisième tome débute par l’hommage de Watson à la dépouille de Sherlock Holmes. Bouleversé, il se rend chez les parents de ce dernier pour leur parler et ce qu’il découvre le laisse perplexe… Rêve ou réalité ?

    Watson est toujours à la recherche de preuves contrant les allégations de Mycroft à propos de Sherlock. Il se lance donc dans un périple à travers l’Europe à la découverte du passé de son ami.

    Difficile d’entrer dans cette suite un an après la lecture des deux premiers volumes. Mieux vaut relire le tout. D’autant que deux histoires s’enchevêtrent ici. L’une nous raconte le voyage de Watson et de son épouse en France, à la recherche de renseignements sur un peintre ayant connu Sherlock dans son enfance. L’autre nous accroche aux pas de Wiggins dans les bas fonds de Londres. L’occasion d’apprendre comment Wiggins fut repéré et engagé par Holmes.
    Toujours le même monochrome bleu-gris, la même précision dans les dessins, un trait fin et élégant et un rendu exceptionnel des rues de Londres et de leur atmosphère. J’aime aussi les personnages très expressifs qui semblent prêts à s’animer sous nos yeux. Un coup de cœur pour la planche de la page 12, arrivée d’un bateau au port de Bordeaux, au graphisme maitrisé et d’une précision à couper le souffle.

    Pour moi, cette série est la meilleure sur le sujet, tant au niveau du scénario qui nous plonge dans des ambiances cohérentes collant parfaitement au canon holmésien, que de la qualité des illustrations, superbe environnement graphique des aventures de Watson et Wiggins. On y retrouve aussi quelques hypothèses empruntées à « La solution à 7% » de Nicholas Meyer. Petit bémol, l’attente extrêmement longue entre la parution des différents tomes. Ce tome trois paru en novembre 2012 ne fait qu’ébaucher une intrigue et la parution du quatre n’est pas encore à l’ordre du jour. C’est fort long…
    J’ai hâte de lire de la suite.

     

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  • La vieille qui voulait tuer le bon dieu, Nadine MONFILSMémé Cornemuse, fan d'Annie Cordy et de Jean-Claude Van Damme, est une vieille bique, entre Ma Dalton et Carmen Cru, à la sauce belge. Elle a trouvé un emploi de concierge dans un immeuble foutraque... où son arrivée va déclencher des horreurs rocambolesques.
    Ce soir-là, Ginette, une des locataires, gaga de Lady Di, s'envoie en l'air dans un parking et trompe son mari pour la première fois. L'extase est de courte durée ! De retour chez elle, elle découvre le cocu en kit dans son plumard. Ses mains ont été coupées et son zizi est rangé au frigidaire. Panique à bord ! Ginette va mener son enquête tandis que mémé Cornemuse prépare un casse dans la bijouterie d'à côté, avec un ancien braqueur qu'elle héberge dans la cave. Elle fait les repérages et lui, il creuse... Un événement imprévu – l'arrivée d'une criminelle hébergée au couvent d'en face – va bouleverser leurs plans...

    Mon avis :

    Après « Les vacances d’un serial killer » et « La petite fêlée… » revoici Mémé Cornemuse. Toujours aussi désagréable, égoïste et barrée, elle officie comme concierge dans un vieil immeuble de Pandore. Drôle d’idée quand on est aussi altruiste qu’un serial killer.
    On retrouve avec plaisir cette mémé improbable, amoureuse de son JCVD avec lequel elle a de longues conversations surréalistes. L’intrigue classique nous fait suspecter les divers locataires tour à tour en raison de quiproquos nombreux et de rebondissements inattendus. Bien que secondaire, l’intrigue est agréable à suivre et confère au plaisir de la lecture. N’y cherchez cependant pas vraisemblance et réalisme, ce n’est pas le but. Et c’est ça qui est drôle. Entre l’extravagance des personnages et l’inattendu des situations, Nadine Monfils nous surprend sans cesse et nous fait rire.
    A l’opposé des polars que j’affectionne d’habitude, les romans de cette auteure sont une bulle d’oxygène. Ses héros ordinaires, des petites gens sans envergure, dénotent une fine observation de ses congénères chez qui elle puise sa source d’inspiration. Poussés à l’extrême, leurs petits travers et leurs descriptions féroces font immanquablement rire. La plume acide et méchamment drôle de Nadine Monfils fait mouche à chaque fois et on se délecte d’un bout à l’autre du récit.
    Vous l’aurez compris, je suis fan. Vivement le retour de Mémé Cornemuse !

    Un autre aspect du talent de Nadine Monfils, sans mémé Cornemuse, voir ici.

     

     

     La vieille qui voulait tuer le bon dieu, Nadine MONFILSLa vieille qui voulait tuer le bon dieu, Nadine MONFILS

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  • Sombre mardi, Nicci FRENCHUn homme nu, assis dans un fauteuil, une pâtisserie à la main... et pourtant bien mort. Voilà la découverte que fait l'assistante sociale chez une de ses patientes, Michelle Doyce. Celle-ci, pourtant, ne peut dire aux policiers d'où vient cet homme, ni qui il est.
    Face à ce mystère, l'inspecteur Karlsson fait appel à la psychothérapeute Frieda Klein et à son incomparable capacité à sonder l'âme humaine. Car pour découvrir le meurtrier, il faut d'abord connaître la victime...
    Un criminel pris à son propre jeu, un témoin clé qui a perdu la tête et une psy qui enquête tout en ayant le sentiment d'être épiée : non, rien dans cette affaire n'est à sa place. La pièce maîtresse manque encore au puzzle

    Mon avis :

    Pour la deuxième collaboration de l’inspecteur Karlsson et de la psy Frieda Klein, Nicci French aborde divers troubles neuropsychologiques comme le syndrome de Capgras, la schizophrénie ou encore les délires paranoïaques. Il s’agit de maladies complexes et pourtant, l’auteur parvient à ne pas alourdir l’histoire par une trop longue description de ces dysfonctionnements. Elles participent à l’intrigue, en sont la clé, tout naturellement. C’est déjà en soi un tour de force.
    Au passage, le monde médical est égratigné, jugé sur ses avis à l’emporte-pièce et son peu d’empathie envers les malades. Tel cet éminent médecin qui proclame qu’il a fait médecine pour comprendre et étudier le fonctionnement du cerveau, pas pour s’occuper des gens ou tel autre qui se passionne pour leurs troubles sur le plan théorique mais n’est pas intéressé par leurs histoires…

    L'intrigue de ce thriller psychologique se déroule en grande partie au bord de la Tamise. L’eau joue un rôle prépondérant ici de même que les balades de Frieda le long des rivières canalisées de Londres. (Une carte est d’ailleurs insérée à la fin du roman.) C’est, en effet, lors de ces balades que Frieda met de l’ordre dans ses pensées et tisse des liens entre les révélations de l’enquête et son ressenti, ses intuitions. Et si l’enquête est linéaire, sans réelle surprise, elle nous permet cependant, par de nombreux faits qui s’enchevêtrent et une foule de personnages finement dépeints, de nous forger une opinion, de tenter une hypothèse et de la confronter aux pensées de Frieda. Frieda dont l’intérêt pour autrui et l’humanisme, tout en discrétion et retenue, s’oppose si bien à l’indifférence ambiante, quelle soit médicale ou policière. Le tout sonne juste et donne à voir d’intéressantes confrontations.

    Ce deuxième opus est abouti, intriguant d’un bout à l’autre. Il se lit indépendamment du premier « Lundi mélancolie » mais en est la continuité – des éléments de la première enquête interférant dans la seconde. Il est donc recommandé de lire ces récits dans l’ordre.

    J’ai apprécié ma lecture et passé un très bon moment. Je vous propose de lire deux autres avis sur ce roman, un positif chez Yvan et un plus mitigé sur le blog « Terre du noir ».

     

    Sombre mardi, Nicci FRENCH

     

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