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Par argali le 4 Avril 2022 à 00:00
Depuis l’enfance, Lucie porte un secret qui l’empêche parfois de faire des choix. Lorsqu’elle rencontre Jim, elle le déteste tout de suite car elle sait qu’elle pourrait tomber amoureuse. Lorsque Jim croise le regard de Lucie, il sait que sa vie va changer.
Mon avis :
Ce roman de Vincent Engel destiné aux adolescents est une réédition chez Mijade. Nous y faisons connaissance de Lucie et Jim, deux jeunes de 15 ans. Lucie emménage dans l’immeuble de Jim et se retrouve aussi dans sa classe. Lucie semble lutter pour rester seule mais Jim, patiemment, l’apprivoise. Très vite, il comprend qu’elle cache un secret mais se refuse de la brusquer et attend qu’elle se confie à lui. Mais Lucie a la tête pleine de « si jamais… » et de superstitions qui l’empêchent de lâcher prise.
Nous lisons en alternance le point de vue de chacun, leurs joies, doutes et peines. Ces deux solitaires se dévoilent peu à peu et on comprend au fil des pages l’origine de leur isolement.
L’écriture de Vincent Engel, comme toujours, est d’une grande finesse et teintée d’émotion. J’ai beaucoup aimé les personnages de ce roman, décrits avec justesse et sensibilité. L’auteur nous partage leurs difficultés de vivre, leur passé et la manière dont ils devinent l’autre, l’observent et l’interprètent. L’histoire d’amour naissante, ses balbutiements, ses hésitations… est assombrie par le passé de Lucie dont on ne sait rien et les difficultés familiales des deux ados. Ce sont d’ailleurs ces non-dits qui rendent le récit addictif et la fin trop rapide.
Un chouette roman pour adolescents dès 13 ans.
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Par argali le 22 Mars 2022 à 22:00
La princesse quitte sa petite planète pour chercher une grande planète à la taille de ses rêves. Durant son voyage, elle va atterrir sur huit planètes extraordinaires habitées par des femmes extraordinaires. De Simone Veil à Rosa Parks, chacune d’elles lui offrira de belles leçons de vie pour la guider dans sa quête.
Êtes-vous prêt.e à rêver ?
Mon avis :
Vous l’aurez compris, ce titre est une référence au « Petit Prince » de St Exupéry. Un hommage aussi. Mais ici la Grande Princesse ne rencontre pas des habitants farfelus ou obsédés par leur travail sur les planètes qu’elle visite mais des femmes inspirantes et magnifiques qui ont fait bouger le monde.
De Simone Veil à Greta Thunberg en passant par Janis Joplin, Helen O’Connell ou Malala, nous découvrons huit personnalités, huit femmes engagées, en lutte contre les discriminations. On écoute la Grande Princesse nous confier les enseignements et leçons de vie de ces femmes. Une quête initiatique à hauteur d’enfant, par la narration et la forme grâce à de très jolies illustrations.Mais bien que l’auteure annonce que l’album est accessible dès 4 ans, je pense qu’il sera apprécié davantage par les enfants plus âgés qui pourront le lire seuls. Je regrette que chacune des personnalités ne soit pas nommée dans la narration, il faut parfois se rendre dans le lexique final pour découvrir de qui on parle et cela gâche un peu le plaisir. De plus, pour une première approche, peut-être y avait-il d’autres personnalités à présenter. Mais ceci est une appréciation toute personnelle.
En résumé, l’album est beau, poétique, intéressant. Ce conte déconstruit les normes sexistes des album d’enfants. Mais il ne m’a pas emballée autant que je l’espérais.
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Par argali le 14 Mars 2022 à 00:00
Est-elle prête à tout sacrifier pour sa cause, la défense de la planète ?
" Les ados de mon âge se demandent ce qu'ils vont faire plus tard. Ils ont des envies, des idées, des options. Ou ils se paient le luxe de ne pas savoir. Moi, personne ne me pose la question. Personne ne s'inquiète pour mon avenir. " Tu es intelligente, travailleuse, connue, disent-ils. Tu pourras faire ce que tu voudras. Femme politique. Journaliste. Scientifique. Médecin. Avocate. " Mais qu'est-ce qu'on fait, justement, quand on peut tout faire ? "Mon avis :
J’aime beaucoup cette collection de Nathan qui propose des textes courts, intéressants et bien écrits. J’aime aussi la diversité des sujets traités.
Dans cet ouvrage, nous nous retrouvons dans les pensées de Greta Thunberg. Comment vivre une adolescence normale tout en étant une icone mondiale engagée dans le combat pour l’environnement ? Rencontrer les grands de ce monde, convaincre les membres de l’ONU, se battre pour le climat… elle sait le faire. Mais sait-elle comment se comporter au quotidien, comme les adolescents de son âge ? Et comment réagir et résister face aux attaques des réseaux sociaux et médias ?
Se mettre dans la tête d’un personnage public comme Greta est une gageure. Et si celle-ci est plutôt réussie, je ne peux m’empêcher d’en chercher l’utilité. Pour répondre à la question qui sous-tend le récit (a-t-on une vie normale quand on est une ado sous le feu des projecteurs en permanence ?) fallait-il sortir de la pure fiction ? Qu’apporte le fait d’être dans la peau de Greta pour y répondre ? Tous les jeunes un tant soit peu impliqués dans un projet public, un engagement, ou médiatisés pour telle ou telle raison, vivent les mêmes interrogations.
Malgré ce bémol, j’ai apprécié la plume de l’auteur et la réflexion qu’elle propose sur la surexposition médiatique. Un récit sensible.
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Par argali le 11 Mars 2022 à 00:00
Dès son enfance, Katherine Johnson est une génie des mathématiques. Mais elle doit se battre et s’imposer pour surmonter sa condition de femme noire dans un monde dirigé par des hommes blancs. En 1953, elle parvient à intégrer l’agence spatiale américaine.
Mon avis :
Connaissez-vous Katherine Johnson ? Même si son nom ne vous dit rien, vous en avez sûrement entendu parler. Elle est une des « Figures de l’ombre » auxquelles le film de Theodore Melfi rend hommage.
Nous découvrons dans ce court récit biographique une mathématicienne de génie. Née dans une famille pauvre, elle est très douée en mathématiques. Dès 8 ans, elle a de telles disposition que son père va déménager pour donner à ses enfants la possibilité de suivre leur scolarité dans une école secondaire pour Noirs. Nous sommes dans les années 20 et leur petite ville ne permet pas aux enfants comme Katherine de poursuivre au-delà des primaires. Elle ira ensuite à l’université.
Elle connaitra le racisme, la ségrégation, les humiliations mais restera déterminée. Après une pause dans ses études pour élever ses enfants, elle les terminera et deviendra professeur de math puis entrera dans un centre d’aéronautique.
Par ses capacités, sa passion de math et sa détermination, Katherine ira au bout de ses rêves, s’extrayant ainsi de sa condition de femme noire destinée à rester à la maison. Elle jouera même un rôle primordial dans la course à la conquête spatiale.
Ce récit de 45 pages agrémenté d’illustration compte aussi cinq pages documentaires sur l’Histoire de la ségrégation aux Etats-Unis et l’évolution de la NASA. Bien qu’accessible dès 9 ans selon l’éditeur, il peut être lu bien plus tard tant le récit est intéressant et non simpliste. Une manière agréable et dynamique de faire découvrir aux jeunes une personnalité inspirante du 20e siècle.
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Par argali le 8 Mars 2022 à 00:00
De Noor Inayat Khan, résistante, à l’aviatrice Touria Chaoui. De la mathématicienne Maryam Mirzakhani à l’escrimeuse Ibtihaj Muhammad… partez à la rencontre de musulmanes inspirantes.
Musulmanes du monde entent célébrer la diversité des musulmanes d’hier et d’aujourd’hui.
Mon avis
Savez-vous que la plus ancienne université du monde se trouve à Fès, en Tunisie, et date du 9e siècle ? Savez-vous que l’on doit sa construction à une femme ? Fatima al-Fihriya ?
Savez-vous que Hawa Abdi est devenue la première femme gynécologue de Somalie en 1971 ? Ou que Noor Inayat Khan fut résistante britannique et agent secret en France durant la Seconde Guerre Mondiale à l’âge de 25 ans ?
Vous l’apprendrez en lisant cet album jeunesse très intéressant. Proposer des modèles féminins inspirants n’est pas encore chose courante (ce sont souvent les mêmes noms qui reviennent dans les collections jeunesse). C’est encore plus vrai-pour les femmes musulmanes encore plus exposées aux stéréotypes.
Cet album d’Elise Saint-Julian, merveilleusement illustré par LK Imany, permet de mettre en avant trente femmes courageuses, luttant contre les préjugés dans leur pays d’origine et dans le monde, des pionnières. Des femmes souhaitant que l’image des femmes ne soit plus restreinte à des stéréotypes d’un autre âge.
Chaque portrait est présenté sur une double page et rend hommage aux musulmanes d’hier et d’aujourd’hui. Selon l’auteure la représentation des femmes musulmanes est trop souvent le résultat de stéréotypes et elle souhaitait par ce recueil, montrer la diversité et la richesse des luttes menées par certaines d’entre elles à travers le monde. La préface de l’ouvrage est éclairante quant aux préjugés qu’elle avait elle-même avant de réaliser ces recherches et d’interviewer des femmes musulmanes actives, engagées qui œuvrent pour un monde meilleur. Des femmes modernes, moins connues et venant du monde entier.
Cet album très bien construit et très intéressant permettra aux adolescentes de découvrir des modèles féminins pour les aider à se construire. Qu’elles soient scientifiques, entrepreneuses, militantes ou encore handicapées ou réfugiées, chacune apporte un témoignage percutant sur la diversité et la richesse des femmes d’aujourd’hui.
Un bel hommage à ces pionnières, ces ouvreuses de voie qui, j’espère, inspireront les adolescents d’aujourd’hui.
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Par argali le 25 Janvier 2022 à 00:00
Un matin, entre deux voitures, Karim découvre le corps sans vie de Zineb, couverte de bleus et pieds nus. Zineb était pourtant une fille sans histoire.
Deux jours plus tard, Sublime, un ami de Karim, disparait en lui laissant un mot d’adieu et un souvenir encombrant : l’un des escarpins que Zineb portait le soir de sa mort. Sublime a-t-il quelque chose à voir avec le meurtre ? Et quel est le secret que les copines de Zineb semblent vouloir taire à tout prix ? Pour comprendre, Karim va mener sa propre enquête et, peu à peu, ouvrir les yeux sur le monde qui l’entoure.
Mon avis :
Karim vit dans un pavillon à côté de la cité et de ses barres d’immeubles. Mais ses potes et son club de boxe en font partie. Malgré tout, il n’est pas accepté par tous. Le jour où il découvre le corps inerte de Zineb et prévient la police, il devient suspect pour certains. Zineb était belle, souriante, intelligente. Elle avait la vie devant elle.
Au même moment, Sublime, un jeune migrant devenu copain avec Karim, décide de rejoindre Calais pour tenter la traversée vers l’Angleterre. Y aurait-il un lien entre les deux événements ?
La mort de Zineb bouleverse Karim qui ne peut effacer l’image de sa mémoire. L’enquête progresse peu, personne n’a rien vu, personne ne parle. Le jour où il découvre ce qui est sans doute l’arme du crime, il décide de mener l’enquête à son tour.On est très vite plongé dans le vif du sujet. Le roman commence par une manifestation musclée dans la cité. On remonte ensuite quelques jours plus tôt pour découvrir la raison de tout cela. Mais ensuite, le rythme ralentit et on voudrait plus de tonus dans le récit et ses avancées. L’enquête passe au second plan et l’auteure s’attarde sur les relations entre jeunes, les mensonges, les trafics, le quotidien des banlieues… Le côté policier du roman en perd de sa force d’autant que, selon moi, bien qu’il colle à la réalité, il véhicule, malgré tout, quelques clichés. Je citerai notamment le langage jeune utilisé par les protagonistes et qui m’a semblé plusieurs fois sonner faux. Ce langage urbain n’est pas du tout celui de mes élèves qui sont pourtant du même âge que les héros et du même milieu pour beaucoup d’entre eux. Il me semble toujours mieux que le langage employé soit universel.
En revanche, la solidarité entre familles après le décès de Zineb et les envies d’ailleurs de certains jeunes sont réalistes et colorent l’histoire du ton de l’espérance. Le personnage de Karim a aussi une psychologie fouillée et bien décrite et il est attachant. Je trouve que c’est le point fort du roman de Fanny Abadie.
Enfin, parmi mes déceptions, il y a la fin mais je n’en dirai pas plus.
Un récit qui m’aura moyennement plu mais qui devrait trouver son public auprès des jeunes. Il rejoindra la liste proposée à mes 4e.
Merci aux éditions Syros pour cet envoi.
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Par argali le 5 Janvier 2022 à 00:00
Accusé d’avoir commis un crime monstrueux, Sacha profite d’un transfert en ambulance pour s’évader de prison. Pas le temps d’hésiter : la montagne sera sa planque. Surtout qu’il a été élevé pour survivre seul en milieu hostile.
Mais lorsque l’étau se resserre, Sacha doit se confronter à un choix bien plus difficile : faire confiance à quelqu’un pour la première fois de sa vie…
Mon avis :
Alors que le pays succombe au Covid, Sacha, un gamin de quinze ans, est accusé d’un crime et se retrouve en centre pénitentiaire avant son procès. Son jeune âge et la nature de son méfait en font une cible privilégiée et il est passé à tabac. Lors de son transfert à l’hôpital, il s’évade.
Le récit est construit avec alternance de chapitres dans l’ordre chronologique et de flash-back permettant de comprendre qui est Sacha ainsi que les autres protagonistes de l’histoire. On suit chacun tour et tour et on découvre leur point de vue sur la situation.
Orphelin de mère à 5 ans, Sacha a été élevé par son père, adepte du survivalisme, afin d’être capable de se défendre dans toutes les situations extrêmes. Certaines scènes sont cruelles et révoltantes et on ne peut que se demander comment un père peut agir ainsi et pourquoi aucun adulte n’est intervenu. Tous les indices concordent pour le désigner coupable mais l’enquête a-t-elle été bien menée ?
Océane est vive, drôle, alerte mais souffre du regard qu’on pose sur elle en raison de ses kilos en trop. Malgré sa ténacité et ses capacités, elle ne trouve pas de travail sauf dans la bergerie de sa tante.
Louise est journaliste et tente par tous les moyens de couvrir des événements vraiment importants mais sa jeunesse et son physique de mannequin la cantonnent dans les interviews people. Elle est prête à tout pour qu’on la prenne enfin au sérieux.
Tous les trois rendent ce récit dynamique en raison de leur personnalité et actuel grâce aux thèmes abordés à travers eux.
C’est un récit poignant, dur parfois que je conseillerais dès 13 ans. Ames sensibles s’abstenir.
Merci à Masse Critique de Babelio et aux éditions Didier Jeunesse pour cet envoi.
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