•  Le chat philosophe, Kwong KUEN SHANLe chat ne possède rien, et n’est la propriété de personne. Il vaque à ses occupations, agit à sa guise et vit dans l’instant. A n’en pas douter, ce sont les qualités d’un philosophe.
    Kwong Kuen Shan a peaufiné quarante aquarelles et nous invite à une rencontre entre ses chats et Confucius, Mencius, Lao Tseu ou encore Tchong Tseu, rythmant sa ballade de citations de classiques chinois, des maximes et des poèmes de la dynastie Tang ou des enseignements de la tradition zen.

    Mon avis :

    Reçu en cadeau, ce petit ouvrage raffiné m’a beaucoup plu. L’auteure née à Hong Kong est peintre et écrivain. C’est en observant ses propres chats qu’elle a découvert leur univers et décidé de les peindre. Elle a choisi quarante aquarelles pour illustrer une sélection de citations chinoises. Elles sont des modèles de sagesse et de vérité sur l’art de vivre.
    Je m’y suis plongée un peu chaque jour, admirant les illustrations méditant telle parole, laissant résonner quelque pensée positive…  Anne, Shéhérazade, et les amoureuses des chats, vous aimerez sûrement le laisser à portée de main. Un petit livre dans lequel il fait bon se plonger…


    Ne te hâte point pour mener à bien une tâche.
    Ne sois pas avide de profits mesquins.
    Précipite-toi, et ta tâche sera mal exécutée.
    La quête avide de bénéfices mineurs
    Empêche tout accomplissement majeur.
    Confucius

     

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  • Alger, Madagascar, Bora Bora, Saigon... sources d'inspiration, ces contrées lointaines n'ont eu de cesse de fasciner et de faire rêver.
    Lamartine, Camus, Duras, Jules Verne ou encore Baudelaire, tous se sont laissé séduire par la beauté des paysages et le charme de l'exotisme. Tous ont décrit les vies là-bas, au temps des colonies et, au détour d'une page, dressé une table et raconté un dîner.
    François Desgrandchamps (Littérature et Gourmandises, Minerva, 2007) a sélectionné pour nous les extraits les plus savoureux des oeuvres de ces grands auteurs. Sophie Brissaud, cuisinière globe-trotter, leur a donné corps en créant les recettes de ces repas imaginaires.
     

    Mon avis :

    Dans la plupart des romans, les écrivains évoquent l’art de la table ou du moins les aliments que leur héros mange sur le pouce ou déguste. Ainsi, la cuisine de Madame Maigret n’a aucun secret pour les fans de Simenon ni les recettes que Grégoire prépare à Maud  Graham dans les romans de Christyne Brouillet.

    Connaissant mon goût pour la bonne cuisine et la littérature, une amie m’a offert cet ouvrage pour mon anniversaire. François Desgranchamps y présente les recettes qu’il a découvertes dans les récits d’écrivains ayant voyagé à travers le monde et notamment dans les colonies. Il les a ensuite fait préparer par un chef, Sophie Brissaud.
    En lisant ces récits, on découvre le pays à travers ce que les gens mangent, que ce soit la cuisine du bled, de la campagne ou de la cuisine citadine. A la campagne, les mets mijotent longtemps, sur un feu de bois. En ville, on a introduit la cocotte-minute et la cuisson au gaz et les habitudes ont changé.

    Dans ces récits d’une autre époque, au langage soigné, où l'imaginaire prend le dessus sur la narration, dans ces repas pris à cent lieues d’ici, on voit surgir les émotions, l’intimité et les souvenirs de ces moments précieux qui ne reviendront pas. J'ai pris plaisir à me replonger dans ces écrits anciens évoquant une période que je n'ai pas connue et des pays que je ne visiterai peut-être jamais. J'ai ainsi partagé des œufs au safran avec Eugène Fromentin, un riz vert aux mangues avec Marguerite Duras ou une tête de veau en tortue avec Alexandre Dumas.
    De jolies photos d’époque illustrent les récits tandis que les recettes réalisées sont joliment mises en situation. Les photos sont de Claire Curt.
    Un ouvrage à dévorer, et pas seulement des yeux…

     

     

     

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  • Comment devenir écricain quand on vient de la grande plouquerie internationale ? Caryl FEREYComment devenir écrivain quand on habite Montfort-sur-Meu et qu’on excelle exclusivement dans les batailles de crachats ? Depuis les après-midi avec mémé Marthe qui lui racontait des histoires, jusqu’à Gallimard, il y aura quelques marches à gravir, des déboires et des détours, il y aura les petits boulots, les voyages au bout du monde, le RMI, les potes, les éditeurs qui promettent et ne tiennent pas, et puis la bonne étoile. La bonne étoile d’un écrivain hors normes, doté d’une détermination et d’un humour à toute épreuve. 

    Mon avis :

    J’ai acheté ce récit afin de découvrir Caryl Férey dont tout le monde parle depuis le succès de Zulu et Mapuche, que je n’ai pas lus. Le titre m’a amusée et je m’attendais à un récit humoristique. Il est assez déjanté, en effet. Notamment la première partie.

    Le livre se compose de deux parties. Dans « L’âge de pierre » l’auteur nous raconte son enfance et son adolescence et ses rapports avec son frère, d’un an son ainé. J’ai failli arrêter ma lecture après le premier chapitre : onze pages et une seule phrase ! Que de lourdeur ! Je me suis accrochée, découvrant ses rapports conflictuels avec son frère, les colères de ce dernier et leurs oppositions multiples. Bref, ce qui l’a aidé à construire sa personnalité, à façonner son caractère entier et résolu. Mais cela m’a paru redondant et terriblement long.

    Dans « L’âge de fer », il aborde enfin l’apprentissage de l’écriture au lycée -que j’ai trouvé désopilant. Fort de ses expériences professionnelles multiples, de ses voyages et de ses relations dans divers milieux, il avait une source d’inspirations variées à sa disposition. Il évoque ensuite son parcours du combattant pour trouver une maison d’édition. On y découvre les dessous peu nets des pratiques d’éditeurs parisiens et les aléas de la vie d’un auteur en mal de reconnaissance. En passant, il rend hommage à mémé Marthe qui lui a donné le goût de la lecture et des belles histoires, à ses amis… le tout avec un humour truculent. J’ai adoré cette seconde partie que j’ai lue d’une traite.

    Au vu de ce que j’ai lu à propos des romans de Caryl Férey, ce récit n’est pas représentatif de ses écrits mais il donne à connaitre l’auteur. Bouleversé par la lecture d’Ellroy, charmé par Djian puis Fante, il semble que l’élève s’approche des maîtres. Cette biographie avant l’heure (il n’a que 46 ans) me donne très envie de faire la connaissance de l’écrivain.

     

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  • Pour une raison qui demeure obscure à Josie, sa mère a précipitamment abandonné le domicile conjugal et l'a emmenée vivre dans la maison de sa grand-tante. C'est là qu'elle fait la connaissance de Jared, un cousin nettement plus âgé qu'elle. Tout auréolé du prestige de ses études théologiques, sanglé dans d'impeccables chemises blanches amidonnées, distant et mystérieux, Jared exerce sur Josie la plus grande fascination. Par un capiteux après-midi d'été, elle le rencontre sur le bord de la rivière... 

    Mon avis :

    Ceci est le troisième récit que je lis de JC Oates. Une fois de plus, elle me surprend par la diversité de ses écrits mais restent, comme une constante, l’amertume et la provocation. Dans ce conte gothique, nous suivons une jeune enfant, même pas pubère, qui découvre les premiers émois de la sexualité de manière brutale voire bestiale. Celui qui l’initie à ces jeux interdits et pervers n’est autre que son cousin, séminariste protestant, âgé de vingt-cinq ans.

    L’écriture est belle, comme toujours chez Oates ; les termes délicatement choisis pour ne heurter personne mais suffisamment précis pour que l’on appréhende l’implicite et le « je » devient « tu » lorsque Josie évoque l’indicible. Et plus encore que l’horreur de la situation, c’est la beauté de la langue pour décrire de si vils ébats qui nous procure un sentiment de malaise grandissant. Car Oates est forte, très forte. Elle nous rend complice de ces jeux malsains, nous attache au texte, court, vite lu, fascinant. J’ai refermé ce livre avec un sentiment ambigu et un plaisir coupable d’avoir gouté la prose d’un récit si pervers. Une chance qu’il n’atteignait pas les cent pages !

     

    Premier amour, Joyce Carol OATES

     

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  • La plupart des biographies et études sur Hitler passent sous silence un aspect fondamental de sa personnalité : sa fascination pour l'occulte, les sociétés secrètes et le paranormal : elle a dicté bien des actes qualifiés a posteriori d'irrationnels. Pour la première fois, la vie d’Adolf Hitler est ici racontée du point de vue de cette passion secrète. Nous le découvrons, jeune artiste à Vienne et membre d’un ordre néo-templier qui prêche la violence, la haine de l’Eglise et des juifs...

    Mon avis :

    Ancien directeur des éditions Trajectoires, Philippe Valode est l’auteur de nombreux ouvrages historiques à succès. C’est en connaisseur de l’ésotérisme et des sociétés secrètes qu’il nous livre le fruit de ses recherches.

    Comment un jeune homme ayant échoué à tous ses examens, un soldat n’ayant pas dépassé le grade de caporal, a-t-il pu devenir le Führer idolâtré par 60 millions d’Allemands ?
    C’est la question que s’est posé l’auteur et à laquelle il propose comme réponse que le déclic lui est venu sur la destinée qui s’offrait à lui en fréquentant la Société de Thullé. Manipulé par elle, il s’en est ensuite servi puis détaché en cherchant à supprimer ses principaux dirigeants. Restés impunis, ses crimes (il en dénombre douze) encouragèrent sans doute Hitler à poursuivre son œuvre jusqu’à en arriver au génocide de tout un peuple.

    En onze chapitres chronologiques, l’auteur s’attarde à nous présenter les sociétés et personnages qui ont influencé la pensée d’Hitler et forgé sa personnalité pour l’amener à envisager puis réaliser la Solution finale. Il expose avec clarté comment il s’est habillement servi des membres de ces sociétés pour gravir les échelons et asseoir son autorité. Ensuite, une fois au pouvoir, il s’est débarrassé de ses anciens mentors, interdisant même les sociétés secrètes en 1937. Il garda toutefois à ses côtés, son médecin personnel, un charlatan controversé et un astrologue réputé, Krafft, avec lequel il créa un comité secret d’astrologues pour orienter la propagande nazie.

    Basé sur des documents semblables à ceux compulsés par Arnaud de La Croix pour « Hitler et la Franc-maçonnerie », cet ouvrage présente des observations similaires, bien que moins recoupées. La différente est aussi dans le ton. Là où Arnaud de La Croix menait un travail d’historien et rédigeait son livre en scientifique, Philippe Valode nous conte davantage une histoire. Phrases courtes, détails importants répétés plusieurs fois, style plus littéraire et absence de notes en bas de page en font un ouvrage à la lecture plus aisée. Moins axé sur la Franc-maçonnerie, l’ouvrage nous parle également de la Société des « purs » et des Lebensborn, de Stalingrad, de la légion Charlemagne, des Einsatzgruppen, de l’opération Walkyrie… entre autres choses. Et c'est peut-être là le souci, à trop vouloir en dire, l'auteur ne va finalement pas au fond des choses.

    Un ouvrage intéressant pour ceux qui s’intéressent à la Seconde Guerre mondiale et à la façon dont l’idéologie nazie a pu germer et s’installer. A croiser ensuite avec d'autres ouvrages plus étayés.

      

     

     

     

     

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  • Providence, Valérie TONG CUONGUne secrétaire exploitée, un amoureux transi sous le joug de sa maîtresse capricieuse, une brillante avocate dont la couleur de peau empêche l’avancement, un vieil homme seul atteint d’un cancer fulgurant… Tous ces personnages vont voir leur vie basculer grâce aux petits événements que la « Providence » jette sur leur passage.

    Mon avis :

    Un embouteillage, un chien, un macaron à la violette, une explosion… et la vie de quatre personnes va basculer. Quatre personnes que la vie n’a pas épargnées vont se croiser en une journée qui aurait dû être ordinaire. Un ensemble de faits imprévus vont les amener à se rencontrer et changer le cours de leur vie. Comme une chute de dominos, la providence va enchainer les hasards et bousculer leur destinée. Pour le meilleur ou pour le pire ?

    J’ai aimé ce conte moderne, court et rythmé qui met en scène quatre personnes un peu fêlées, malmenées par la vie, ne se sentant pas à leur place dans leur travail ou leur famille. Peu à peu, Valérie Tong Cuong nous révèle, en un roman choral, les sentiments de chacun, leurs doutes et leurs espoirs. Elles n’ont rien d’extraordinaire mais sont extraordinairement attachantes. On les apprivoise peu à peu et la curiosité nous pousse à découvrir ce qui va leur arriver.

    Une narration pétillante qui nous entraine de surprise en surprise. Une construction très précise et qui fait mouche. J’ai passé un agréable moment de lecture.

    Découvrez ici ma rencontre avec l’auteur.

     

     

    Providence, Valérie TONG CUONG

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  • Le blé en herbe, COLETTEPhil et Vinca, les deux héros adolescents du « Blé en Herbe » resteront le vivant symbole de la pureté du désir, de la joie des vacances. Les plages blondes et les chardons bleus prêtaient leurs couleurs estivales à ce charmant conte d’amour. La description que Colette, avec une émotion retenue, a faite de ce voyage sentimental et charnel ne peut vieillir en sa parfaite vérité.

    Mon avis :

    Quatrième classique du mois. Cette fois, j’ai choisi de relire un roman que j’ai découvert à quinze ans, emprunté en cachette dans la bibliothèque de mes parents. Premiers émois dus au parfum d’interdit de cette lecture clandestine.

    Première observation en retrouvant ce livre des années 70 : la quatrième ne parle quasiment pas de l’histoire. Après une présentation de l’auteur, que je n’ai pas recopiée ici, et un commentaire sur son style, on découvre un avis sur le roman (voir ci-dessus). Constat intéressant d’une évolution dans la construction d’une couverture.

    L’histoire est celle de deux adolescents ayant grandi ensemble, au fil des étés passés en Bretagne. Alors qu’ils entrent dans l’adolescence, l’amitié enfantine fait place à un amour platonique puis une attirance physique. Mais ils ne sont pas vraiment prêts et s’éloignent après s’être heurtés l’un à l’autre. Troublé puis séduit par Camille Dellaray, de vingt ans son aînée, Phil découvrira le plaisir dans ses bras pour revenir vers Vinca après le départ précipité de la dame.

    Je ne gardais qu’un souvenir flou de cette histoire, hormis la relation de Phil et de Camille. Les émotions suscitées étant plus vivaces dans ma mémoire. J’ai retrouvé le style de Colette, ses descriptions soignées de la nature -subtiles de la femme- et son vocabulaire choisi. La nature est plus qu’un décor ici, elle fait partie intégrante de l’histoire. Certes la langue a vieilli, devenant quelque peu désuète, mais le charme est toujours présent.

    Si le traitement est propre à l’époque (pudeur et retenue bien éloignées de ce qu’on peut lire de nos jours), le sujet, lui, est provoquant. Publié en 1923, il n’a pas manqué de choquer doublement. D’abord parce qu’il parle de l’initiation sexuelle de jeunes adolescents ensuite parce qu’il y mêle une aventure avec une femme d’âge mûr. Anticonformiste, Colette a dû s’amuser à choquer la bourgeoisie bien pensante de son époque. On ne peut qu’en sourire aujourd’hui.

    Un siècle plus tard, alors que les adolescents sont inondés d’images avant de ressentir le moindre frisson, il serait peut-être bon de leur parler de ce livre…

     

     Le blé en herbe, COLETTELe blé en herbe, COLETTELe blé en herbe, COLETTEAliment

     

     

     

     

     

     

     

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