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Par argali le 22 Juin 2015 à 20:50
Le colonel Bantry est contrarié : une jeune femme, vêtue d'une toilette tape-à-l'œil, a été retrouvée étranglée dans sa bibliothèque. Cruelle énigme pour la police. Heureusement, le manoir des Bantry est situé non loin du village de miss Marple. Cette sympathique vieille dame pleine de bon sens permettra-t-elle, une fois de plus, de dénouer toute l'affaire ? Publié pour la première fois en 1946, Un cadavre dans la bibliothèque est la plus célèbre enquête de Miss Marple.
Mon avis :
Me revoici avec un classique, publié cette fois en jeunesse. Comme souvent, Agatha Christie nous propose une intrigue qui sert de prétexte à la description psychologique de ses personnages. Elle nous présente une belle brochette de suspects, mettant à rude épreuve nos intuitions et notre flair d’enquêteur.
D’emblée, on peut écarter les propriétaires de la maison où le cadavre fut retrouvé. Ce serait trop simple. Alors qui ? On aimerait que ce soit le plus antipathique, le moins séduisant. Chez Christie, les coupables ne sont pas toujours ceux qui en ont l’air. On sait cependant que certains sont suspects en raison de leur profession ou activité. Ainsi, chez cette auteure, les artistes sont considérés comme de mauvaises vies, aux mœurs dissolues. Les gens de maison sont aussi fréquemment ambigus, hypocrites.
Cinq enquêteurs vont mettre leur talent aux services de la justice : Miss Marple, le Colonel Melchett, chef de la police, le superintendant Harper, Sir Henry Clithering de Scotland Yard et le Dr Haydock, médecin légiste.
Assez vite, l’enquête semble s’enliser. La police soupçonne l’un puis l’autre, cherche des preuves... Un second meurtre va alors avoir lieu. Un cadavre est retrouvé à bord d’une voiture incendiée. Les deux morts sont-elles liées ? Quel est le mobile ? Grâce à un petit indice, Miss Marple éclaircira l’affaire dans un bel élan de lucidité.
Roman sympathique à l’intrigue ingénieuse où les rebondissements s’enchainent, « Un cadavre dans la bibliothèque » se lit facilement. Miss Marple y apparait pour la troisième fois. On y retrouve également le colonel et Mme Bantry, ainsi que Sir Henry Clithering qui étaient déjà apparus dans le recueil de nouvelles "Miss Marple au Club du Mardi" (commenté ici).
Un roman à lire, comme tous ceux de la Reine du polar.
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Par argali le 7 Juin 2015 à 00:00
On est censés vivre la plus belle période de notre vie. On est jeunes, on est en train de décider de notre avenir (c’est en tout cas ce qu’on nous répète), on a des amis. Mais en fait, tous, on attend que quelque chose change. Becky, ma meilleure amie, avec qui je rigole de moins en moins. Lucas, qui réapparait dans ma vie après toutes ces années. Mon frère Charlie, la plus belle personne que je connaisse. Michaël Holden, avec son sourire trop grand. Et moi, la fille la plus misanthrope et pessimiste du lycée.
On attend tous que quelque chose change.Mon avis :
Victoria Spring, surnommée Tori, est une adolescente ordinaire. Peut-être juste un peu plus pessimiste, désabusée et bougonne. Ses relations avec ses parents sont assez tendues, surtout avec sa mère mais elle adore ses deux frères : Olivier, le petit, tellement attachant et Charlie, l’ainé, atteint de troubles psychotiques. Heureusement, il y a Becky, sa meilleure amie. Mais Becky semble s’éloigner d’elle ou en tout cas le perçoit-elle ainsi. La routine va cependant se trouver bousculée par l’arrivée de deux nouveaux élèves : Lucas, l’ami d’enfance de Tori et Michaël Holden, un élève de terminal, énigmatique et excentrique.
Ce récit écrit par une toute jeune auteure de 18 ans, originaire du Kent, relate la vie d’adolescents dans une école anglaise ordinaire. On y retrouve les préoccupations des jeunes, les groupes d’élèves qui se mélangent peu (et que l’on est heureux d’avoir intégré, preuve qu’on n’est pas tout à fait asocial) l’école et les cours que l’on subit... Rien de neuf. Ce qui fait la différence ici, c’est le ton, l’humour et l’autodérision dont fait preuve Tori. Elle ne fuit pas la réalité, elle sait qui elle est, connait ses défauts et les assume. Son mal être la voyait se replier sur elle-même mais l’arrivée de Michaël et les étranges événements qui bousculent la vie scolaire vont la sortir de sa torpeur. Tori veut comprendre et mène discrètement son enquête, partant de l’étrange blog « Solitaire » qui semble derrière tout cela.
Histoire d’amour et d’amitié, regard sans concession sur les ados : la mélancolie de certains, la superficialité d’autres, les difficultés familiales que l’on cache... ce roman a un côté sincère. Le jeune âge de l’auteure y est certainement pour quelque chose. Elle aurait pu tomber dans la caricature, nous proposer une resucée de nombreux autres romans mais il n’en est rien. Elle crée des personnages et une histoire à l’accent authentique et ne s’apitoie pas sur eux. Son côté sarcastique dédramatise les situations délicates et apporte la légèreté nécessaire à l’histoire pour qu’elle ne tombe pas dans le mélodrame.
Un agréable moment de lecture très ado. Ce roman devrait leur plaire.
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Par argali le 22 Mai 2015 à 00:00
Eux, c’est l’histoire d’un adolescent victime d’intimidation. Un jeune battu, extorqué, ridiculisé à outrance par des camarades de classe. Un jeune dont la détresse est ignorée par les témoins silencieux que sont les autres élèves, le personnel de l’école, les parents, les rares amis. Sa douleur est si aiguë et son agonie si longue qu’elles l’inciteront à se venger de ses tortionnaires, à devenir la source d’une violence a priori inconcevable.
Mon avis :
Quel récit bouleversant que ce roman jeunesse ! Le moins qu’on puisse dire, c’est que Patrick Isabelle n'y va pas de main morte ! En courts chapitres, l’auteur nous raconte la genèse d’un drame. Entre chacun, quelques phrases laissent présager de l’issue du calvaire d’un jeune garçon. Le narrateur décrit les souffrances et les humiliations qu’il subit pendant plus de deux ans avant d’oser réagir. Et même à ce moment-là, il ne trouvera pas la paix à laquelle il inspire tant.
D’une violence inouïe, autant physique que psychologique, ce récit donne à voir l’immense solitude d’un ado qui vit en permanence dans la peur. Allant à l’essentiel, chaque situation décrite est comme une claque que l’on prend en pleine figure. Et bien sûr, on sait dès le départ qu’un autre drame se prépare.
L’auteur décrit un parcours de vie qui ne peut que mener à une issue fatale. Il cherche à comprendre comment et pourquoi certains ados en arrive à un tel niveau de rage qu’un jour il entre avec une arme dans leur école.Bouleversant, ce récit l’est aussi car on ne peut s’empêcher de se demander si on a aussi été un jour le témoin passif d’une telle situation. Ou si elle nous a carrément échappé. Même si la situation décrite est extrême, voit-on toujours tout ce qui se passe dans nos classes, notre entourage, nos familles ?
Je découvre ici cet auteur québécois, libraire je pense, mais je n’en resterai pas là. Une suite est attendue et d’autres romans sont en cours. Un roman qui secoue et dérange et ne laisse pas indemne. Qu’il faut lire et faire lire aux adolescents afin de susciter une prise de conscience et dénoncer cette violence ordinaire. Une petite centaine de pages, comme autant de coup de poing à nos certitudes.
Merci au libraire québécois, Sylvain Nault, de m’avoir conseillé cette lecture. J’ai hâte de lire les autres livres dont il m’a parlé avec enthousiasme.
Sur le même sujet, un autre récit québécois tout aussi bouleversant peut être lu par les plus jeunes : Le coup de la girafe de Camille Bouchard, chroniqué ici.
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Par argali le 17 Mai 2015 à 00:00
Madeleine a un grand-père dont elle est très proche. Mais depuis quelque temps, il change, il oublie les choses ; pour lui, passé et présent se confondent. Le temps d’un été, Madeleine et lui vont cheminer ensemble.
Mon avis :
Ce court roman de 112 pages est un petit bijou de tendresse et d’émotion.
Comment réagir quand on est une jeune ado, que son grand-père est le centre de l’univers - les parents étant quasi inexistants - et que l’on se rend compte qu’il commence lentement à perdre la mémoire ? Madeleine va être confrontée à cette dure réalité qu’est la maladie d’Alzeihmer (même si celle-ci n’est jamais citée).
Parti en vacances en Normandie, sur les traces de son enfance, Gramps semble détendu et heureux de ce retour aux sources. Il raconte ses souvenirs à Madeleine et notamment la soirée du Débarquement. Périodes de lucidité et d’absence s’enchainent sans crier gare, de plus en plus fréquemment, et la jeune fille a bien du mal à trouver les bons mots, l’attitude rassurante alors qu’elle-même est complètement perdue. N’est-ce pas un poids trop lourd à porter pour une ado ?
J’ai aimé les moments de complicité vécus par Madeleine et son grand-père quand tout va bien, leur tendresse, la transmission des souvenirs... et la maturité exceptionnelle de cette jeune fille qui trouve les mots qui rassurent lors des crises. La description des situations est d’une grande sensibilité ; sans forcer le trait l’auteure parvient à dépeindre avec justesse la complexité de cette maladie et les difficultés qu’elle entraine pour les proches. On peut cependant se demander si la situation est bien crédible vu le jeune âge de Madeleine.Cela reste cependant un bon roman, d’une vraie sensibilité, idéal pour permettre aux jeunes d’une dizaine d’années d’appréhender cette maladie et ses ravages.
Merci aux édition Flammarion pour ce roman paru dans la collection Tribal.
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Par argali le 3 Mai 2015 à 00:00
Harriet a un petit copain merveilleux, des amis géniaux et elle entre dans quelques jours au lycée, autant dire qu'elle est HEU-REUSE ! Mais son bonheur est de courte durée car son père a trouvé du travail... à New York ! En l'espace de vingt-quatre heures, elle quitte l'Angleterre et se retrouve dans une ville triste et perdue de la grande banlieue new-yorkaise. La voilà loin de ses amis, loin de sa vie, très très loin du bonheur. Même les quelques shootings auxquels elle participe en cachette à New York ne suffisent pas à lui remonter le moral. D'autant que, pour couronner le tout, Nick prend de plus en plus ses distances avec elle...
Mon avis :
Il fallait bien innover pour ce troisième tome. Holly Smale a donc choisi de changer de décor et d’emmener Harriet et sa famille à New York où le père trouve un travail.
Alors qu’Harriet est toujours une maniaque de l’organisation et du contrôle de soi, elle assiste aux bouleversements de son quotidien sans pouvoir agir ou influencer les événements. Ce déménagement va chambouler sa vie, l’éloigner de ses amis et lui donner l’impression de quitter définitivement le monde de l’insouciance, ce qui l’amène à ressentir un sentiment d’abandon. Son amour pour Nick résistera-t-il à la distance ?
Des rêves plein la tête, elle part cependant en conquérante vers New York, espérant y réaliser plusieurs souhaits. C’est sans compter sur les imprévus ou les omissions, comme le fait de ne pas vivre en plein centre ville mais à plus d’une heure de là. Qu’à cela ne tienne !Ce troisième tome pose d’emblée l’atmosphère. L’inquiétude, la peur de l’inconnu, l’insécurité liée à trop de changements simultanés vont tarauder notre héroïne. Harriet est ballotée et désemparée. Mais cela ne durera pas longtemps. Fidèle à elle-même, décidée à ne pas passer à côté de sa chance, elle prendra des risques pour sortir d’une atmosphère devenue suffocante.
On retrouve ici le ton décalé des tomes précédents et l’humour de l’auteur avec plaisir. L’héroïne mûrit, évolue mais le roman garde – et même développe - son côté romance féérique improbable qui plait tant aux adolescentes. Les courts chapitres rythment la lecture et dynamisent le récit et on se laisse prendre au jeu.
Merci aux éditions Nathan pour cet envoi.
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Par argali le 2 Mai 2015 à 00:00
A l’occasion d’un devoir pour sa prof de lettres, Candice Phee, 12 ans, fait le bilan de sa vie de A à Z. S’apercevant qu’elle est « entourée de chagrin », elle se donne pour mission « d’améliorer l’état de bonheur général du monde ». Et si elle commençait par rendre heureux ceux qu’elle aime ?
Mon avis :
Candice est une jeune fille originale qui vit à Brisbane en Australie. Mal intégrée en classe, différente (on croit deviner qu’elle est autiste), elle n’est pourtant pas du genre à se plaindre. Elle excuserait même les petites méchancetés des autres en leur trouvant des excuses.
Elle vit avec une maman dépressive et un père fuyant, depuis le décès de sa petite sœur, Sky, décédée de mort subite, six ans auparavant. Sa famille n’est guère heureuse, aussi lorsqu’elle doit raconter sa vie en vingt-six paragraphes commençant par une lettre de A à Z, elle décide de prendre les choses du bon côté et de rendre le sourire à son entourage.
Dans ce récit, tout est optimiste. Si Candice est un peu en marge de la vie, préfère écrire que parler et si son meilleur ami, Douglas, se croit venu d’une autre dimension, elle porte cependant un regard lucide sur le monde qui l’entoure. Expliquant les choses à sa manière, avec naïveté et drôlerie, elle met le doigt sur les petits travers des autres avec une innocence et une franchise désarmantes.Ce récit d’aventures rocambolesques, au ton humoristique décalé est un petit bijou de bonne humeur. Par certains côtés, il m’a rappelé « Le bizarre incident du chien pendant la nuit ». Je le conseille vivement aux ados car ce n’est pas si fréquent que la littérature jeunesse aborde les choses dramatiques avec légèreté et humour.
Merci aux éditions Flammarion pour cet envoi.
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Par argali le 18 Avril 2015 à 00:00
«À quel moment t'as du courage, hein ? À quel moment tu prends des risques ? Si j'étais pas amie avec toi, tu serais complètement paumée ! J'ai pitié de toi, tiens !» Sous la violence de l'attaque, Bérénice a préféré s'enfuir. Mais elle doit admettre que sa meilleure amie, Ménine, a visé juste. Bérénice sait qu'elle n'est pas sociable et plutôt solitaire, le genre de fille qui n'a jamais très bien fait du vélo et qui ne dit jamais bonjour la première. Tout le contraire de Ménine !
Bérénice pourrait faire machine arrière, dire une blague, se réconcilier avec son amie, mais elle préfère la tenir à l'écart de sa vie.
Pour la première fois, Bérénice a envie de s'aventurer seule, de suivre les injonctions tracées à la bombe sur les murs de la ville. Déclarations de guerre ou d'amour, des tags ont fleuri jusque sur le portail du collège. Ils sont signés Suzuki, du nom d'un héros de manga japonais. Et personne ne connaît son identité...Mon avis :
Bérénice, adolescente de 14 ans, n’est pas très populaire. Ménine, sa meilleure amie, est beaucoup plus extravertie et semble mieux dans sa peau. Le jour où elle lui reprochera de boire et de fumer, Ménine lui fera le reproche d’avoir peur de tout et refusera de se laisser juger. Dès lors, Bérénice va se sentir libérée d’un poids et vivre ses propres expériences. Elle va se lier à deux garçons de sa classe, changer de style vestimentaire et vivre ses premiers émois.
Dans la première partie du récit, on découvre l’amitié presque fusionnelle des deux ados pourtant si différentes et leur univers. Bérénice qui n’a pas connu son père se défend d’en être affectée. Dans la deuxième partie, après leur dispute, Bérénice s’émancipe. En quête d’absolu, elle prend des risques, repousse ses limites et on comprend alors que ce manque du père est son principal problème. A travers ses actes, les lignes qu’elle couche dans son journal intime, ses relations tendues avec sa mère, on ressent cette souffrance et la recherche de ses origines, comme un leitmotiv.
Un récit sur la recherche identitaire à l’adolescence, sur l’amitié, l’amour, les relations toxiques que l’on peut avoir sans s’en rendre compte. Un court roman plaisant à lire et pourtant sans réelle profondeur. On attend longtemps que quelque chose se passe, qu’une révélation vienne éclairer le récit et finalement on reste sur sa faim. Je n’en garderai pas un grand souvenir.
Merci quand même à Masse critique et à L’Ecole des Loisirs pour cette envoi et félicitations à cette dernière pour l’heureux changement de style de la couverture.
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