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Par argali le 27 Décembre 2015 à 00:00
S'expatrier et aller se battre pour une cause que l'on croit juste, donner sa vie pour la démocratie et la liberté, c'est bien. Sauf si l'on a quinze ans et qu'on s'est fait "tourner la tête" par des extrémistes qui, au nom de Dieu, envoient des jeunes à la mort.
Mon avis :
Quel coup de poing ! Ce roman jeunesse bouleverse autant les jeunes que les adultes, surtout s’ils ont en charge des adolescents.
Les vacances de Pâques sont l’occasion pour certains de partir un peu. Mais deux élèves de quinze ans, Othmane et Wassim ne reviendront pas à la rentrée. Au grand étonnement des uns et désarroi des autres, ils sont partis combattre en Syrie. Pourquoi ? Comment ? Qui les a recrutés ? Et comment leurs amis et familles ont-ils pu ne rien soupçonner ?
Alors que chacun accuse le choc, les profs et le directeur se mettent au service des jeunes pour les écouter, laisser sortir les questions et les émotions. D’autant qu’il faut aussi les protéger de la presse qui rode aux abords de l’établissement, harcelant les jeunes afin d’obtenir quelques infos.
Construits sur un schéma répétitif, les chapitres donnent la parole à un jeune garçon via son journal, à Myriam, la meilleure amie de Wassim qui écrit à son professeur de français afin d’exorciser sa douleur, à un élève de la classe et au professeur de français. Quatre points de vue, quatre manières d’analyser les choses, de les vivre. Et combien de questions qui n’ont pas toutes de réponses. Comme celle que se pose le prof « Suis-je quelque part responsable, moi qui propose à mes élèves des textes de Malraux, Eluard... qui mettent en évidence les valeurs de l’engagement ? »
Paru en 2014, ce roman a été remis en lumière suite aux tragiques événements de 2015. Ils ont jeté un éclairage brutal sur ce phénomène qui existe depuis plusieurs années et semblait jusqu'alors n'intéresser personne. Frank Andriat pose de bonnes questions dans ce roman et avance de bonnes pistes de réflexion sans avoir la prétention de détenir la vérité. Il propose plutôt un moyen d’ouvrir à la discussion, à l’esprit critique. La seule chose dont il est sûr (et moi aussi) c’est qu’il faut oser le dialogue avec les jeunes et éviter toute rupture avec eux. Notre rôle d’enseignant est de leur montrer la voie du vivre ensemble, des valeurs communes que nous partageons et qu’il faut absolument mettre en avant fréquemment. Ce n’est qu’avec l’écoute et le respect de tous que nous pourrons éviter le radicalisme, quel qu’il soit. Surtout qu’une fois la rupture enclenchée, le retour en arrière est bien peu probable.
Un roman important, à donner à nos jeunes. Un récit qui défend des valeurs universelles et offre à penser. Des personnages attachants, une histoire très crédible, un style fluide où se mêlent sans artifice les niveaux de langue des jeunes et des adultes. Un livre coup de poing.
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Par argali le 30 Novembre 2015 à 00:00
Qui choisirait d’être l’aînée d’une famille de cinq enfants ? Se sentant victime du choix de ses parents, diluée dans cette foule d’enfants, Zazie dresse une liste des injustices qu’elle vit en raison de sa situation familiale. Pour commencer, elle n’a même pas de cellulaire ! Avec l’aide de sa complice et fidèle amie Ophélie, fille unique «faite de concentré», Zazie affronte le camp de recrutement de basket de son école et les guéguerres avec le Clan des leggings, alors qu’un amour naissant se développe avec le beau Palmolive (ça, c’est une longue histoire)… Pour trouver un peu de réconfort dans ce monde cruel, il y a heureusement la poutine, les Skittles et le chat Patate !
Mon avis :
Je termine en beauté le mois québécois avec Marie-Renée Lavoie. Cette auteure m’a séduite avec deux romans adultes et je la découvre ici en auteure jeunesse.
Quelle différence entre les deux facettes ? Peu de chose. Zazie, comme Joe, est une jeune fille qui quitte l’enfance pour l’adolescence, l’écriture est toujours sensible et drôle, les situations décrites sont fines et le regard qu’elle porte sur son héroïne est empreint de beaucoup de tendresse.
Zazie, Isabelle Louis-Seize de son vrai nom, est une héroïne ordinaire, semblable à des centaines d’adolescentes qui ne manqueront pas de se retrouver dans ses préoccupations d’ado. Mais loin des héros égoïstes ou autocentrés, Zazie sait naturellement ce que solidarité et empathie veulent dire. Sa position d’ainée d’une fratrie de cinq n’y est sans doute pas pour rien.
« Ca va être correct » nous plonge à nouveau dans un univers familial et amical, indispensable à l’équilibre d’une ado même s’il n’est pas parfait. La complicité toute simple entre parents et enfants fait du bien tout comme la relation que Zazie crée avec les ainés auxquels elle rend visite pour des séances de lecture. La transmission entre génération est un thème qui semble cher à Marie-Renée Lavoie et qu’elle exploite avec beaucoup de justesse. Elle en aborde d’autres comme le premier amour, le divorce, l’intimidation... On sent une vraie authenticité dans son récit.
J’ai passé un très bon moment avec cette histoire positive où humour et amour font oublier la noirceur dans laquelle on baigne. J’ai apprécié le petit vent de fraicheur que souffle ce récit original que je vous recommande chaudement.
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Par argali le 25 Novembre 2015 à 00:00
Natasha a 15 ans et elle est follement amoureuse de Jean-Philippe Bilodeau. Mais lui, il ne voit que cette chipie de Myriam Drolet.
Natasha, elle, juge que tous les moyens sont bons pour attirer l’attention de Jean-Philippe. Régime de pamplemousses, mèche bleue, huile solaire, tout y passera... Et rien n’y fera... Jusqu’au jour où elle décide de jouer le tout pour le tout.
C’est là qu’elle se retrouve dans un grand hôtel de la ville, au beau milieu d’une fin de semaine noire. Les joueurs seront-ils à la hauteur du jeu ? Une aventure policière qui nous tient en haleine jusqu’à la toute dernière ligne.Mon avis :
Afin d’attirer l’attention de Jean-Philippe, le plus bel élève du lycée, Natasha décide de faire une fugue. Mais ce coup de folie va lui faire vivre des situations qu’elle n’avait pas prévues. Par chance, elle rencontrera Ralph qui lui proposera de l’héberger un temps dans une chambre de l’hôtel où il travaille. C’est justement le « week-end du noir », un jeu grandeur nature pour les amateurs de polar.
C’est le premier roman jeunesse que je lis de Chrystine Brouillet. On est loin de Maud Graham et de ses enquêtes en finesse. Ici, l’auteure fait surtout dans l’efficace, la tension, l’action, les rebondissements. L’histoire en perd un peu de crédibilité.
Par exemple, comment se fait-il qu’aucune alerte enlèvement ne soit lancée sur les radios et télévision ? Ou que des adultes acceptent sans se poser de questions de fournir du travail à une gamine de 15 ans en fugue, au sein d’un hôtel renommé ?Malgré tout, on se laisse prendre par l’intrigue et on se demande comment Natasha arrivera à se sortir du pétrin où elle s’est fourrée. Sensible, au bord des larmes en permanence, exagérément fleur bleue, elle garde cependant la tête froide quand il faut. Admettons.
Bref, j’ai été déçue de ce récit que j’espérais plus palpitant mais je l’ai prêté à un jeune élève, fan des Chair de poule, pour qu’il change un peu de registre et il a beaucoup aimé.Un roman jeunesse qui plait aux jeunes ados en raison de son intrigue, malgré son côté rocambolesque. A leur offrir donc.
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Par argali le 1 Novembre 2015 à 05:00
Toutes les filles ont des secrets. Les filles en chocolat, comme les autres.
Ce joli livre-étui à soufflets dissimule cinq livrets inédits, un par fille : Cherry, Skye, Summer, Coco et Honey. A l’intérieur, des jeux, des tests, des portraits chinois, des recettes, créations, bricolages, décos... Des conseils de manucure, des idées cadeaux... tout pour plaire aux filles et aux lectrices de Cathy CassidyMon avis :
L’aspect est coloré, girly. Ce coffret à secret consacré aux héroïnes est attrayant pour les jeunes lectrices. Les recettes et idées déco sont sympas par contre les histoires sont vraiment trop courtes pour être intéressantes. Je n’ai pas lu toute la série mais je n’ai retrouvé aucune ressemblance entre les descriptions des personnages connus et les romans. Un pur produit marketing semble-t-il. Et donc, 15 euros, cela est franchement exagéré.
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Par argali le 29 Octobre 2015 à 00:00
A l’école primaire, Cannelle était le bouc émissaire, celle que personne ne voulait avoir comme amie. Alors, à la rentrée de sixième, elle arrive au collège relookée et devient l’amie d’une fille cool. Depuis, elle tient son rôle de fille populaire à la perfection. Mais l’arrivée de Sam, un garçon décalé qui se moque du regard des autres, bouleverse tout. Cannelle craque pour lui et c’est réciproque, mais sa meilleure amie le déteste. Cannelle réussira-t-elle à assumer ses sentiments, et surtout... à ne plus avoir peur d’être elle-même ?
Mon avis :
On ne présente plus Cathy Cassidy et sa série « Les Filles au chocolat ». Les jeunes lectrices les adorent ; ma nièce les a dévorées elle aussi. Ici, elle nous propose un récit à part entière.
L’auteure nous dépeint un univers de collégiens qu’elle connait bien puisqu’elle fut professeur d’art. Elle en connait les codes, les habitudes, les difficultés et les joies. Cannelle est à un âge charnière, entre enfance et adolescence ; l’âge où on se cherche, où le regard des autres a beaucoup d’importance et où on est prêt à tout pour se faire des copains. Même à dissimuler et mentir. Bien que tout cela ait un air de déjà vu, on aurait pu en faire un bon récit. Or, même si l’écriture est agréable et l’histoire sympathique, on n’a pas le temps de s’attacher car l’auteure veut trop en dire et aborde trop de thèmes sans avoir la possibilité de les développer.
Mais cet avis d’adulte ne semble pas être celui des jeunes fans. Ma nièce a adoré en raison de la proximité de l’héroïne. Elle a trouvé le récit « intelligent et réaliste ». Visiblement le thème de la différence et de l’acceptation de soi ont fait écho en elle.
Un récit à offrir aux jeunes lectrices donc.
Merci aux éditions Nathan pour cet envoi.
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Par argali le 18 Octobre 2015 à 10:29
Matteo fait sa rentrée au collège Lovecraft. Panneaux solaires, écrans tactiles, tablettes numériques… le collège est à la pointe de la technologie ! Mais bientôt, des évènements étranges se produisent. Des rats surgissent des casiers, des élèves disparaissent et Matteo découvre dans l’immense bibliothèque un passage secret.
Quant au professeur de sciences, Garfield Gouille, il se comporte très bizarrement… Aidé d’improbables amis, Matteo va découvrir que le collège Lovecraft cache un secret…Mon avis :
A peine arrivé au collège, Matteo est confronté à des désagréments de toutes sortes. D’abord, il y retrouve un élève qui le martyrisait en primaire et qui semble bien décidé à continuer. Ensuite, il se perd dans les dédales de la bibliothèque et rencontre une étrange jeune fille qui vit dans un grenier délabré. Enfin, une invasion de rats se produit dans les couloirs quand les élèves ouvrent leur casier. Bien décidé à découvrir ce qui se passe à Lovecraft, Matteo se met à fureter partout.
Après « L’île du crane », « Harry Potter » ou « L’école des mauvais Méchants » ce roman nous propulse dans une école où il se passe des choses bizarres, dignes des meilleurs phénomènes de sorcellerie. Pas d’élèves aux pouvoirs surnaturels ici mais des jeunes normaux confrontés à des événements étranges auxquels les adultes apportent pourtant des réponses rationnelles.
Bel hommage à HP Lovecraft que d’avoir nommé ce collège comme lui. Ce brillant écrivain de récit d’horreur et fantastique pensait que l’univers n’était pas centré sur l’homme, celui-ci n’étant qu’une infime forme de vie dans l’univers. Il semblerait que les étranges professeurs de ce collège pensent comme lui. (Mais cela échappera certainement aux jeunes lecteurs.)
Premier tome d’une série de quatre, ce roman jeunesse dans la veine des « Chair de Poule » est bien écrit et les nombreux rebondissements donnent envie de poursuivre la lecture. Une fois entamé, je n’ai plus lâché ce roman qui, pour un bon lecteur se lit en une heure maximum. L’atmosphère est intrigante et la fin de ce premier tome laisse augurer que l’on n’est pas au bout de ses surprises et révélations sur ce mystérieux collège.
Quant à la couverture holographique de ce roman, elle attirera sûrement les plus jeunes par son originalité. Mais était-ce nécessaire ? Ce roman d’horreur plaira de toute façon, même sans cet élément marketing, aux amateurs de Chair de Poule.
Merci aux éditions Bayard pour cet envoi. J'attends la suite...
Vous trouverez la présentation de ce roman ici. Cela vaut la peine.
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Par argali le 15 Octobre 2015 à 00:00
Jules vit reclus dans son appartement du boulevard Saint-Michel, à Paris. Il n'a pas de nouvelles de ses parents, en voyage à Hong Kong lorsque l'épidémie a commencé de se propager. Le spectacle qu'il devine par la fenêtre est effroyable, la rue jonchée de cadavres. Mais il sait qu'il ne pourra pas tenir longtemps en autarcie. Pour affronter l'extérieur, Jules redevient le guerrier impavide qu'il était dans le jeu. Il va alors retrouver son frère aîné, qui se drogue et dont il ne peut rien attendre, puis secourir une petite fille qui a mystérieusement échappé au virus et qu'il décide de prendre sous son aile. Son seul espoir : le rendez-vous fixé par Warriors of Times.
Mon avis :
Découvert dans Koridwen, d’Yves Grevet, Jules est un jeune homme plus calme et moins sûr de lui que cette dernière. Jeune Parisien complexé, c’est un passionné de WOT où il devient un vrai guerrier et se révèle fin tacticien. Depuis le début de l’épidémie, il vit enfermé dans l’appartement confortable de sa famille avec son frère, Pierre, un jeune paumé, drogué en permanence. Il veille sur lui et sur Alicia, une fillette de 7 ans qui a survécu au virus et qu’il a prise sous son aile. C’est grâce à elle qu’il rencontrera Koridwen. Terré derrière ses rideaux, il assiste impuissant à des scènes de violence terribles qui le glacent et lui font redouter toute sortie.
Carole Trébor qui rédige ce volet de la série nous dresse le portrait d’un ado ordinaire que rien ne destine à devenir un héros ou même un combattant. Fragile, angoissé, mais avec le cœur sur la main, il prendra un peu d’assurance avec l’arrivée d’Alicia à laquelle il tient beaucoup. Pour elle, il se révélera capable d’actes dont lui-même ne se serait jamais cru capable.
Afin de subvenir aux besoins de « sa famille », il se joint à un groupe d’adolescents dont certains étaient en cours avec lui. Mais la peur et l’isolement l’ont rendu encore plus méfiant et craintif. L’intégration ne sera pas facile.
J’ai moins apprécié ce tome que le premier que j’ai lu. Une certaine redondance due aux mêmes événements racontés sous un autre point de vue, plus de lenteur aussi et un personnage moins flamboyant ont fait trainer quelque peu ma lecture. Les personnages sont de plus en plus nombreux et n’ayant pas enchainé les deux récits, je m’y suis un peu perdue. De plus, le style haché de Carole Trébor ne m’a pas convaincue.
Dans ce tome, on découvre la vie à la capitale, la manière dont l’armée a agit dès les premiers jours après la dispersion du virus, alors que les autres protagonistes font route vers Paris. En cela, il est sans doute le tome central. Mais alors que le roman d’Yves Grevet nous plongeait au cœur de l’action et des émotions de ses personnages, celui-ci m’a laissée à distance.
La rencontre des quatre adolescents à la fin du récit donne envie d’en savoir plus sur les autres. Mais je ne pense pas poursuivre ma découverte, en tout cas, pas pour l’instant.
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