• Le bal des folles, Victoria MASChaque année, à la mi-carême, se tient un très étrange Bal des Folles. Le temps d’une soirée, le Tout-Paris s’encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires ? Cette scène joyeuse cache une réalité sordide : ce bal « costumé et dansant » n’est rien d’autre qu’une des dernières expérimentations de Charcot, adepte de l’exposition des fous.

      

    Mon avis

     

    Depuis la rentrée, le roman de Victoria Mas fait partie de ceux qui me tentent le plus. D’abord parce que c’est un premier roman et que j’aime faire des découvertes nouvelles. Ensuite parce que le sujet me plait. J’ai adoré le roman de Jacques Côté « Dans le quartier des agités » qui se déroulait à la même époque à La Salpêtrière.

    J’ai retrouvé ici les mêmes sentiments d’indignation et de révolte envers ces femmes internées. Une époque à laquelle la femme n’avait vraiment pas droit de cité et pouvait sur décision d’un mari ou d’un père être déclarée folle et privée de liberté sans aucune raison médicale. La folie étant alors l’excuse idéale pour expliquer leur mise à l’écart. On se rend compte du chemin parcouru en un peu plus d’un siècle et on craint un retour en arrière quand on suit l’actualité.

    Parmi ces femmes, de vraies malades mais aussi des femmes perturbées par des actes odieux dont elles ont été victimes et qui auraient eu besoin d’écoute et de compassion et non d’électrochocs et autres séances publiques d’hypnose.

    Même si Charcot a été un précurseur et a permis de belles avancées dans les soins aux vraies malades, on ne peut s’empêcher de se demander s’il avait bien toute sa raison en imaginant ce « bal des folles » où il livrait en pâture aux bourgeois condescendants ces pauvres femmes. Qu’un médecin traite ses patientes comme des bêtes curieuses dans un zoo pose inévitablement question.

    Victoria Mas nous invite à sa suite dans les dédales de cet asile à l’univers impitoyable. Même les infirmières restent sous la coupe des médecins, masculins bien sûr, et leur parole a bien peu de chance d’être entendue. L’auteure adoucit cependant les choses par un récit romanesque richement documenté et à la construction impeccable et rédigé d’une plume agréable et précise qui sait maintenir la tension au fil des pages.

    Elle prend prétexte du bal pour nous parler d’humanité, de condition de la femme au 19e siècle, du manque de liberté, de choix, d’égalité. Et elle nous dépeint de jolis portraits de femmes. On s’attache très vite à Louise, Thérèse, Eugénie et même Geneviève. Et on a une pensée pour toutes ces femmes qui ont souffert pour que nous vivions mieux aujourd’hui.

    Un coup de cœur pour cet hymne à la liberté des femmes et une jeune plume à suivre.

     

     

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  • Du sel, du citron, du vinaigre, du bicarbonate de soude, Shea ZUKOWSKIEcologiques, bon marché et efficaces, ils forment le quatuor magique !

    Saviez-vous que l’on peut tout faire avec du sel, du citron, du vinaigre et du bicarbonate de soude ?

     

    Mon avis :

     

    J’utilisais déjà le citron et le vinaigre pour faire briller les robinets et éviter le calcaire et j’employais le bicarbonate et le vinaigre pour nettoyer le four. Dans un souci d’économie et de respect de l’environnement, j’ai cherché à étendre leur usage. J’ai découvert de multiples autres utilisations de ces ingrédients que nous possédons tous dans nos cuisines.

    Que ce soit pour le linge, l’entretien, la cuisine, le jardin ou les animaux, ce petit manuel contient plus de 250 recettes et trucs utilisables à l’intérieur comme à l’extérieur.

    Sous forme sèche, le sel a un pouvoir légèrement abrasif et peut donc servir à nettoyer du matériel de cuisine sans le rayer. Dissout dans l’eau, il est capable d’ôter des taches comme celle du sang ou de la sueur.

    Sel marin et huile d’amande douce feront un excellent gommage hydratant sur une peau humide.

    Pour laver les fruits et les légumes rien de tels qu’un mélange de jus de citron, d’eau et de bicarbonate, notamment pour les concombres et les tomates qui retiennent davantage les pesticides en raison de leur peau duveteuse.

    250 ml d’eau et le jus d’un demi-citron chauffés 2 minutes au micro-onde le nettoieront impeccablement.

    Pour soulager vos muscles et lutter contre les crampes ajoutez 750 ml de vinaigre de cidre à 10l d’eau chaude. Versez ensuite ce mélange dans votre bain chaud et plongez-vous dedans.

     

    Vous aurez compris que ce petit bouquin est une mine. En plus des recettes, il contient des informations sur chacun de ces produits miraculeux et polyvalents et sur leur origine ainsi qu’un calendrier des tâches domestiques selon les saisons. Mais aussi de précieux conseils en prologue afin de ne pas prendre de risques inutiles.

    Un petit livre léger et pratique à utiliser chaque jour.

     

     

     

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  • Paul à la maison, Michel RABAGLIATIPaul à la maison est le 9e tome de la série. Cette fois-ci, l’action de déroule en 2012, Paul est auteur de bande dessinée à temps plein et lance un nouvel ouvrage au Salon du livre de Montréal. Entretemps, sa fille part travailler en Angleterre, Lucie n’habite plus avec lui et sa mère ne va pas bien… 

     

    Mon avis

     

    Dois-je encore présenter Paul ? Cet album est le 4e que je lis et le charme opère toujours autant.

    Dans « Paul à Québec », Michel Rabagliati évoquait son beau-père. Ici, il nous parle de sa maman. Il nous invite dans son intimité, reproduisant sa maison, son jardin, son atelier. Le fil rouge est le vieux pommier de son jardin dont l’évolution évoque par métaphore le mal être de Paul au long des pages. Seul avec son chien Biscuit, Paul survit plus qu’il ne vit. Sa fille s’éloigne, moralement et physiquement, son voisin ronchonne de plus en plus sa maman vieillit et il se replie sur lui-même. Il a pris du poids, n’est pas rasé, traine le pas… Paul est le témoin blasé du délitement de sa vie à l’image de son jardin à l’abandon.

     

    Malgré la gravité de l’ensemble, Michel Rabagliati glisse ça et là des notes d’humour et cela rend l’album encore plus émouvant. Plus encore que dans les albums précédents qui exploraient son enfance, on sent combien Paul est Michel et ce présent en demi-teinte décrit une période charnière de sa vie, « un bilan » comme il me l’a dit lors de la séance de dédicaces.

    Il raconte sa mère, un peu rêche, pas très tendre, de sa jeunesse à sa fin de vie, solitaire, par choix. A-t-il peur de lui ressembler ? Sait-il qu’il lui ressemble ? La naïveté du Paul adolescent semble avoir disparu mais pas son mal être et sa mélancolie. Le passage de la cinquantaine a visiblement été éprouvant pour l’auteur.

     

    Un album plus grave, plus sombre -Est-ce pour ça qu’il est gris ? – plus intime aussi qui parle de deuils. Un album émouvant aussi.

    Maintenant que les aventures de Paul ont rejoint le présent de Michel, cet album sera-t-il le dernier ? J’espère que non !

     

     

     

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  • Née contente à Oraibi, Bérengère COURNUTLes Hopis sont un peuple amérindien vivant depuis des siècles sur les plateaux arides d’Arizona. Soumis aux contraintes d’une région désertique, ils ont développé une cosmogonie extraordinaire et des croyances qui font communier la vie et la mort, la lumière et la nuit, les esprits, les animaux et les hommes. A travers ce roman qui suit la quête d’une jeune fille, c’est la beauté de ce monde aux antipodes du nôtre qui se révèle et demeure.

     

    Mon avis :

     

    Grâce au roman de Bérengère Cournut, je découvre le peuple des Hopis que je ne connaissais pas. Hopis signifie peuple de la paix en français. Ils font partie des amérindiens des Pueblos d’Amérique du Nord, voisins des Navajos.

    Dans une société matrilocale et matrilinéaire, Tayatitaawa est une enfant puis une jeune fille indépendante et forte. Curieuse, observatrice, elle aime suivre son père dans ses activités et ses longues marches. Il lui apprend la nature et les traditions ; il est aussi son guide spirituel l’instruisant de la cosmogonie de leur peuple.

    Elle admire aussi son frère ainé, esprit libre, qui garde le troupeau du village dans les montagnes. A la mort prématurée de son père, Tayatitaawa se sent seule entre un frère absent et une mère en proie à sa tristesse. Elle devra puiser en elle, les forces nécessaires pour continuer à avancer. Mais sa soif de liberté et d’indépendance l’amène à refuser ce qu’on attend d’elle : assumer sa féminité et trouver un mari.

    Ce roman est le premier de Bérengère Cournut et le troisième que je lis de cette auteure. Elle aime décrire des héroïnes fortes et courageuses et Tayatitaawa n’échappe pas à la règle. A travers son histoire, très poétique, elle nous parle aussi d’un peuple méconnu, un des plus anciens qui soit, épargné par la colonisation. Nous découvrons ainsi les rites, croyances et vie quotidienne des Hopis où la transmission par héritage se fait par le lignage de la mère. D’ailleurs, le dieu créateur est également une femme : Grand-Mère Araignée. Leur vie est rythmée par des cérémonies en hommage à leurs divinités ou à la fertilité, celle de la terre et celle des femmes.

    Ce récit initiatique lumineux est riche des aventures des habitants du village et des interrogations de Tayatitaawa. Soucieuse de maintenir les traditions, de respecter son père et les siens, elle est aussi avide de découvrir le monde et de conquérir plus de liberté. Mais rêver d’émancipation n’est-ce pas trahir ? Ce dilemme qui la divise est le fils rouge de ce roman vivifiant, richement documenté, aux personnages attachants.

     

     

     

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  • Dans la forêt, LOUMIG, HEGLANDUne civilisation qui s’effondre. Une maison au cœur de la forêt.
    Deux sœurs.

    Un monde à réinventer.

     

    Mon avis :

     

    Adapté du roman de Jean Hegland, cette histoire débute un soir de Noël. Elle raconte la vie de deux sœurs tentant de survivre seules dans la forêt, après la mort de leurs parents. Le monde comme nous le connaissons a disparu, il n’y a plus d’électricité, plus d’essence, les transports ne circulent plus… Nell et Eva se donnent mutuellement la force de tenir debout et puisent dans leur passion, la lecture et la danse, l’énergie pour avancer. Elles se sont organisées pour vivre en autarcie et ne pas avoir à se rendre en ville, à deux jours de marche, où tout est pillé.

    Ce récit post apocalyptique est une petite merveille. Non seulement en raison du texte de Jean Hegland qui nous parle de survie, de solidarité et de nature et pose la nécessaire question de notre adaptabilité à la nature et de nos capacités à survivre en cas de besoin. Mais aussi grâce aux dessins de Lomig.

    La narration linéaire est régulièrement entrecoupée de flashbacks. Le travail graphique noir et blanc de Lomig ne distingue pas les deux mais on suit parfaitement. Les dessins expressifs des visages et les phylactères dépeignent avec doigté les moments de doutes et d’angoisse que traversent les filles.

    J’ai beaucoup aimé les dessins au crayon qui rendent à merveille les beautés de la nature. La finesse des traits et la sensibilité de l’auteur magnifient les paysages, le ciel, la faune et la flore… Le style est dépouillé et d’une précision incroyable et le travail au crayon apporte de la douceur et de la matière, donnant à la forêt un rôle de personnage à part entière.

    C’est une ode à la nature, à tout ce qu’elle peut nous apporter et que nous défendons si mal. Les rebondissements font avancer l’histoire et la tension monte petit à petit. Lomig dépeint parfaitement aussi les héroïnes de cette histoire et l’évolution de leur relation. Le style dépouillé des dessins colle parfaitement à la narration et à l’ambiance crée par Jean Hegland. Pour moi, l’adaptation du roman est parfaite.

        

     

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  • Il fait bleu sous les tombes, Caroline VALENTINY"Enfant, lorsqu’il était en vie, il se couchait dans l'herbe, le soir, pour observer le ciel. Aujourd’hui, depuis son carré d’herbe étanche à la lumière, il a beau plisser les yeux, il ne peut plus rien voir."

    Jusqu’il y a peu, Alexis était vivant. A présent, il ne sait plus. Il perçoit encore la vie alentour, le bruissement des feuilles, le pas des visiteurs, et celui, sautillant, de sa petite sœur qui vient le visiter en cachette.

    Il se sent plutôt bien, mais que fait-il là ? Il ne sait plus. Ses proches n’y comprennent rien non plus. Quel est le mystère d’Alexis ? Qu’a-t-il voulu cacher à en mourir ?

     

    Mon avis :

     

    Ce livre est un premier roman (et le deuxième écrit) de Caroline Valentiny et pourtant il est maitrisé d’un bout à l’autre. La langue de l’auteur est précise, belle, musicale. Le style est léché tout en étant fluide.

    Nous suivons les pensées de cinq personnages dont Alexis, 20 ans, décédé, et resté coincé entre deux mondes et sa mère, Madeleine, qui survit dans un état second, depuis le décès de son fils aîné. Par une prosopopée particulièrement réussie, l’auteure nous donne à connaitre les sentiments d’Alexis et le retour réflexif qu’il fait sur sa vie. Sa mère, qui refuse de croire à son suicide, se met à la recherche de la moindre information sur ce fils qu’elle connaissait finalement mal depuis son entrée dans l’adolescence et le mutisme dans lequel il se retranchait. Elle se met à la recherche de personnes qui l’ont connu hors de la sphère familiale pour comprendre. C’est le croisement des deux récits qui nous permet peu à peu de découvrir ce qui s’est passé.

    Par les perceptions de la vie sur Terre qu’Alexis ressent depuis sa tombe, par les confidences que sa petite sœur vient lui faire chaque jour et par l’attitude, diamétralement opposée, des parents, Caroline Valentiny aborde tous les aspects du deuil. Psychologue de formation, elle a choisi d’alterner les points de vue pour présenter les attitudes possibles face à la perte et au manque. Tous les personnages sont justes et donnent au récit une cohérence et une profondeur rare.

     

    Malgré la délicatesse du sujet principal et d’autres tout aussi sombres, parfois à peine esquissés, on sort de cette lecture apaisé, serein, après avoir ressenti des émotions vraies au fil des pages.

    C’est un vrai coup de cœur pour moi que ce roman choral, très poétique ; un roman lumineux, intimiste et universel à la fois. Je ne peux que vous le conseiller.

     

        

     

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  • Ecrire la guerre. De l'antiquité à nos jours. Sylvain VENAYRE & Xavie LAPRAY"Les périodes de paix sont les pages blanches de l'histoire" : la formule du philosophe allemand Hegel est certes très contestable. Elle n'en renferme pas moins une vérité : depuis la plus haute Antiquité, l'activité guerrière de l’humanité a inspiré de nombreux écrivains et artistes. Si les pratiques et les représentations de la guerre ont cependant changé au cours des siècles, les écrivains ont bien prétendu parler toujours de "la" guerre, comme si, par-delà l'infinie variété des circonstances, demeurait une essence du conflit. »

    Épopées, récits, romans, essais, traités, histoires, poèmes, pièces de théâtre, témoignages, reportages ont mis la guerre en scène, la décrivant, la codifiant, l'analysant, l'interprétant, la dépassant souvent, la conduisant ailleurs que sur les champs de bataille. L'encre des écrivains et le talent des artistes ont ainsi tenté de restituer quelque chose du sang et des larmes que la guerre a fait couler.

     

    Mon avis :

     

    Professeur d’histoire contemporaine, Sylvain Venayre signe ici un ouvrage richement documenté sorti à l’occasion du Centenaire de la Première Guerre mondiale. Soutenu par plus de 150 extraits littéraires de l’Antiquité à nos jours, l’auteur nous invite à découvrir la guerre à travers ses représentations mythologiques, littéraires, philosophiques et artistiques. En effet, l’histoire de la guerre et aussi celle de la littérature : des épopées aux reportages d’aujourd’hui, des milliers d’auteurs ont décrit la guerre, les conflits armés, s’en sont servis comme toile de fond… Qu’ils aient fait ou non l’expérience de la guerre les lire aujourd’hui c’est retracer l’histoire d’une réalité des plus fortes, des plus intenses que nos sociétés aient vécues.

    Cet ouvrage magnifique et très intéressant se découvre par petits bouts tant les documents sont riches. Il y a les textes, bien sûr, mais aussi des gravures, des tableaux, des illustrations, des photos… qui, tout au long des presque 400 pages nous donnent diverses visions de la guerre, magnifiant le courage des hommes ou les idées pour lesquelles ils se battaient, servant de propagande, de mises en garde ou se désolant sur les conséquences. Il serait trop long de citer tous les auteurs allant d’Homère à Musomandera mais j’ai aimé particulièrement les textes de St Exupéry, Simone Weil, Albert Camus et le poème de Rimbaud.

     

     

     

     

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