• Tout le bleu du ciel, Melissa DA COSTACondamné par un Alzheimer précoce, Émile a décidé de fuir l’hôpital, la compassion de sa famille et de ses amis. À son propre étonnement, il reçoit une réponse à cette annonce. Trois jours plus tard, devant le camping-car acheté secrètement, il retrouve Joanne, une jeune femme coiffée d’un grand chapeau noir qui a pour seul bagage un sac à dos, et qui ne donne aucune explication sur sa présence.

    Ainsi commence un voyage stupéfiant de beauté. À chaque détour de ce périple naissent, à travers la rencontre avec les autres et la découverte de soi, la joie, la peur, l’amitié, l’amour qui peu à peu percent la carapace de douleurs d’Émile.

     

    Mon avis :

     

    Je n’avais jamais lu Melissa Da Costa même si autour de moi beaucoup m’en disaient du bien. J’ai reçu ce roman pour mon anniversaire et ai profité de l’été pour me plonger dans ce pavé.

    Recevoir à 26 ans, le diagnostic de la maladie d’Alzheimer est un choc à encaisser. Surtout quand l’espérance de vie annoncée est de deux ans à peine. Emile accuse le coup puis décide de prendre son destin en main et de ne pas attendre la fin sans rien faire. Il va vivre son dernier rêve, une dernière aventure : il s’offre un road trip dans le sud de la France, au pied des Pyrénées. Par petites annonces, il recrute une compagne de voyage. Les escales seront inattendues et souvent poignantes.


    Avec les montagnes comme décor, ce voyage vers la mort est triste bien sûr mais aussi profondément touchant et réconfortant. Parfois dur, parfois plus léger, le récit est abordé avec pudeur et parvient à rendre l’aventure lumineuse grâce aux petits bonheurs et à la douceur qui la traversent.

    C’est un roman qui ne laisse pas indifférent et engage chacun à aimer la vie et à en profiter au maximum, à rester vivant jusqu’au bout. Vivre chaque jour comme un cadeau de plus. 
    L'écriture de l'auteure est fluide, le style simple, le récit est probablement écrit au fur et à mesure que viennent les idées. Cela rend l'écriture dynamique.

    Mais si j’ai apprécié le fond de cette histoire et ma lecture, je regrette des longueurs et un côté assez répétitif. On aurait pu, au moins, élaguer de deux cents pages ses 836, sans que cela ne nuise à l’histoire et à l’émotion qu’elle procure.

    Un récit idéal pour l'été.

     

     

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  • Petite rivière paisible née dans les Hautes Fagnes, la Vesdre alimente le barrage d’Eupen puis coule vers Liège pendant 60 km. Victor Hugo a écrit qu’elle était « la plus ravissante vallée qu’il y ait au monde, qui est quelquefois un ravin, souvent un jardin, toujours un paradis. »

    Qui aurait pu croire que cette rivière bucolique causerait autant de dégâts et de victimes un jour ? Ce fut pourtant le cas les 14 et 15 juillet 2021 quand, gonflée par les pluies, elle éventra les villes et villages sur son passage.

    Dans ce recueil d’instantanés, Luc Baba raconte les heures terribles de ce déluge qui s’abattit sur la vallée et dont il fut le malheureux témoin. De brèves séquences, poétiques, terribles et bouleversantes rendent compte, presque heure par heure, du désastre que ce fut et de l’impuissance des hommes.

    Avec la plume ciselée et le style poétique qu’on lui connait, Luc Baba confie avec justesse et pudeur, les sentiments vécus, les émotions ressenties face à cette nature indomptable qui ravage immeubles, véhicules, vies, souvenirs, laissant les hommes chaos et impuissants.

    MAGNIFIQUE !  

     

    « Quand on n’est plus gardien des objets, on devient sage, parait-il. Il reste à garder la vie, la lumière, le peu de joie, le sourire. Si c’est vrai, cette maudite crue est une fabrique de sagesse. »

     

    « Je me hisse avec peine sur le toit, et la pluie me prend aux cheveux, légère, ballerine, garce. (…) Sur le toit, au milieu de la mer Vesdre. Une mer sale. Et mouvante. L’océan meublé de nos armoires. La broyeuse d’âmes, l’assiette à soupe. »

     

     Vesdre, Luc BABA Vesdre, Luc BABA Vesdre, Luc BABA Vesdre, Luc BABA

     

     

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  • Le cinéma de Saül Birnbaum, Henri ROANNE-ROSENBLATTCe roman paru en 2013 est une réédition qui fait suite à l’adaptation de l’histoire au cinéma « Le chemin du bonheur ».

    Saül est passionné de cinéma depuis sa plus tendre enfance. C’est le cinéma qui l’a distrait, construit et installé à New-York, il encourage son neveu, photographe et cinéaste de mariages, à tourner un long métrage.

    Ce roman est largement inspiré de la vie du romancier, enfant juif dont le père fut arrêté et dont la mère a tout fait pour le sortir d’Allemagne, grâce aux « Kindertransporten » organisés par l’Angleterre dès 1938. Caché chez un couple à Bruxelles peu avant que les rafles nazies ne commencent là aussi, il se réfugiera dans la lecture. Saul, le héros de ce roman, partira ensuite aux Etats-Unis et deviendra le propriétaire d’un Delikatessen à New York où il côtoiera nombre de personnalités du cinéma de l’époque. Il tombera amoureux, aidera son neveu à faire du cinéma et donnera sens à sa vie.

     

    Alternant âge adulte et souvenirs d’enfance, les événements se font écho et s’éclairent mutuellement donnant au récit un rythme agréable et enlevé.

     

    Ce roman n’est pas tout à fait la vie d’Henri Roanne-Rosenblatt, la réalité se mêle à la fiction. Ce n’est pas non plus un récit historique sur la montée du nazisme et les rafles. C’est simplement l’histoire d’un enfant qui a vu sa vie changer du jour au lendemain et s’est reconstruit lentement. Le ton n’est pas dramatique, l’auteur use d’ironie et d’humour à côté de passages plus bouleversants, comme pour exorciser sa peine et son enfance perdue. Enfant, son destin a eu la chance d’être confié à une personne exceptionnelle, élevée au rang de Juste et il lui rend aussi hommage par ce récit de reconstruction et de résilience. Transcender la réalité par la force de la fiction cinématographique.

     

    Un roman à découvrir avant de voir le film, même sans voir le film, qui vous fera réfléchir, rêver et espérer. J’ai beaucoup aimé cette lecture. Merci Anne et les Editions MEO pour cet envoi.

     

     

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  • Une heureuse colère, vers la transition écologique, Godelieve UGLEUXHuit femmes se rencontrent régulièrement pour randonner dans la campagne wallonne. Une fin de journée d’hiver, elles entrent dans une taverne ; elles en ressortent troublées, voire inquiétées par la parole d’une voyante. Chacune est traversée par un questionnement lié à son histoire de vie mais toutes ont acquis la liberté qui vient avec l’âge. Sont-elles pour autant heureuses ?

    Survient un événement grave qui les indigne au point de les entraîner à tirer sur le fil de leur vie et à se sentir politiquement concernées par l’avenir de leurs enfants et petits-enfants.  

     

    Mon avis :

     

    Un groupe de femmes se retrouve chaque semaine pour randonner. Au fil du temps, elles sont devenues amies malgré leurs origines, idées et vies différentes. Elles sont cependant d’accord sur le fait que l’avenir de la planète est à prendre en considération.

    Les ennuis du fils d’Elsa, arrêté par la police pour s’être interposé face à des promoteurs qui convoitent la terre qu’il exploite au Pré bleu, va les fédérer. Elles s’organisent pour le soutenir, faire connaître son combat et transformer les terres en ZAD. Très vite, une centaine de sympathisants vont rejoindre ces femmes ordinaires soudées autour d’une injustice

     

    Ce roman plaidoyer pour une prise de conscience environnementale aborde toutes les facettes des dérives de notre monde et ouvre des pistes de réflexion pour changer les choses. Au détour de conversations, la narratrice évoque Pablo Servigne, Ricardo Petrella, qui milite pour des biens communs inaliénables ; elle nous parle de permaculture, de maraîchage bio, d’apiculture… et de la pléonexie qui s’oppose à cette volonté de vivre autrement et de lutter contre l’inertie des « responsables ».

     

    Un court récit tout en émotions, audaces et réflexions agréable à lire.

    Une belle leçon de solidarité, d’engagement et de défense des rêves qui nous animent tous.

     

     

     

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  • Les souris de Léningrad, VAN RIJCKEGHEM & DU CAJUEn 1941, les Allemands assiègent Leningrad. Les bombes et la famine sont à l'ordre du jour. Quatre amis adolescents essaient de survivre et de s'échapper de la ville. . Ils réussissent à ramener un groupe d'enfants à Leningrad tout en humiliant leurs poursuivants allemands. Ils sont nommés héros de la guerre patriotique. Mais leur amitié sera mise à rude épreuve lors du siège de Leningrad ...

     

    Mon avis :

     

    En plein concert, en 1964, un vagabond se faisant appelé Chapayev est arrêté alors qu’il s’apprête à perpétrer un attentat contre la célèbre violoniste, Anka. Nous sommes en URSS et l’homme arrêté risque le goulag. Face à la commissaire, Ivanova, il commence à raconter son enfance incroyable et l’amitié qui le liait à deux garçons et une fille de Léningrad. C’était en 1941 et la ville était encerclée par les Allemands. Famine, violence, arrestations arbitraires… c’était une époque très rude et leur amitié était précieuse.

    A travers ce retour en arrière, nous découvrons la réalité de la vie quotidienne lors du siège de Léningrad où il n’était pas simple de survivre sous les bombes, le ventre vide, la réserve de nourriture de la ville ayant été pilonnée par les avions allemands. On évacue les enfants, surnommés les souris de Léningrad, de la ville pour les mettre à l’abri des bombardements. Mais les 4 amis vont se retrouver face aux nazis. Ces enfants héroïques aux origines diverses vont vivre d’incroyables et dramatiques moments mis en perspective grâce à la situation de 1964.

     

    Face à ces combats, un autre conflit se joue, celui qui oppose le parti communiste dirigé par Lénine à tous les « déviants ». Toute personne qui ose une critique ou un avis divergeant du parti est soit assassinée, soit déportée au goulag. Une critique d’une époque assez sombre où le parti communiste au pouvoir disposait de privilèges indécents.

    Cela reste malgré tout une fiction et les passionnés de la Seconde Guerre mondiale relèveront certaines inexactitudes. Mais est-ce si important ? Le plaisir de lire est bien au rendez-vous.

    Les dessins de Du Caju permettent de visualiser la Russie de l’époque, les ruelles sombres de Léningrad, les dangers qui guettent chacun, les armes et véhicules de guerre dessinés avec précision. J’ai beaucoup aimé ce style élégant.

     

    Deux tomes plein de suspens et de rebondissements et des jeunes héros qui plairont aux plus jeunes. Voyez-y une histoire d’amitié avec ses bons et mauvais moments plus qu’un récit historique léché.

     

     

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  • L'été de cristal, BOISSERIE, WARZALA & GALOPINBerlin, 1936. Alors que les nazis règnent en maître sur l'Allemagne, un détective pas comme les autres enquête sur d'étranges disparitions. La capitale, Berlin, est en ébullition et se prépare à recevoir les Jeux olympiques d'été. Une série d'inquiétantes disparitions risque de gâcher la fête.

    Lorsque la fille du magnat de l'acier Hermann Six est assassinée, son père embauche l'inspecteur Bernard Gunther, ancien brillant membre de la police allemande tombé en disgrâce sous le IIIe Reich. Irrévérencieux, alcoolique et bagarreur « Bernie » se retrouve au cœur d'un complot qui implique les plus hautes sphères du nazisme : Göring, Heydrich, Himmler, la SS et la Gestapo.

     

    Mon avis :

     

    Faut-il encore présenter ce roman de Philip Kerr ? C’est un classique de la littérature de genre, tant pour le côté polar du récit que pour le contexte historique très précis de celui-ci. Vous trouverez d’ailleurs mon avis sur le roman sur cette page.

    J’ai beaucoup aimé l’adaptation de ce roman qui fait partie de mes préférés de l’auteur. Les dialogues sont proches de la plume de Philip Kerr, l’album est structuré et respecte le scénario original tout en ne gardant que les scènes essentielles. Malgré cela, l’album compte 130 pages et est aussi captivant que le roman. Le ton est juste et fidèle et Bernie Gunther n’est pas très éloigné de ce que j’imaginais, enquêteur antinazi, dragueur et quelque peu alcoolique.

     

    L’album est beau, cartonné, élégant. Le dessin de François Warzala relève de la ligne claire et est une reconstitution fidèle du Berlin des années trente. Ce choix de la ligne claire a d’ailleurs un air rétro des années trente. Quant aux personnalités SS, elles sont assez ressemblantes.

    J’aurais aimé que la mise en couleur soit plus lumineuse, notamment dans les scènes de jour, le beige et le brun étant dominant, mais le tout reste finalement en lien avec les heures sombres du IIIe Reich.

    Bref, une adaptation réussie et un bel hommage à l’auteur Philip Kerr.

     

    L'été de cristal, BOISSERIE, WARZALA & GALOPIN

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  • Le cœur à l'échafaud, Emmanuel FLESCH"On les laisse patienter un bon moment, muets comme des ombres, dans cette cathédrale du Code pénal. Certains occupent leur hébétude sur l'écran de leur téléphone, d'autres s'intéressent à leurs chaussures." Cour d'assises de Paris. Walid Z., un jeune de quartier parvenu par de brillantes études à se hisser jusque dans l'intimité de la bourgeoisie parisienne, risque la peine de mort par décapitation.

    Que vient faire la guillotine dans ce décor si familier ?

    Pendant trois jours, les témoins se succèdent à la barre. À mesure que s'esquisse le portrait d'un ambitieux et qu'on interroge sa culpabilité, se dévoile une autre France, parfaitement crédible, où l'extrême droite a pris le pouvoir. Implacable, ce roman choral se déploie comme la suite tragique de notre « roman national » - son ultime chapitre. 

     

    Mon avis :

     

    Cour d’Assises de Paris. Un procès pour viol débute. Mais le suspect risque la peine de mort. Comment est-ce possible ? Walid risque pourtant bien de monter à l’échafaud.

     

    Dans ce roman choral, l’auteur donne la parole à l’accusé, à sa sœur, à des membres du jury… et peu à peu, pendant les trois jours que va durer le procès, le portrait de Walid se dessine de son enfance aux faits qui lui sont reprochés. Insidieusement, on comprend que quoi qu’il dise, quoi qu’on fasse, cela pourra se retourner contre lui. Comme la lecture de son journal intime rédigé à l’adolescence et dont certains passages sont mis en exergue à la lumière de ce viol dont on le dit coupable. Peu à peu s’esquisse aussi ce qu’est devenue la société française. La France ayant élu un président d’extrême droite, de nombreuses lois ont changé. Walid Z n’est pas un Français de souche. Cela aggrave son cas.

    Pourtant Walid a fait des études brillantes à l’université. Il n’est pas connu de la justice, les témoins de moralité le décrivent comme un jeune homme sans histoire, ambitieux et travailleur. Mais c’est un fils d’immigré, il n’a pas 3 grands-parents français. Les immigrés sont classés en différentes catégories, apparitions de couvre-feu, peur d’oser affirmer des idées de tolérance et d’égalité… La bête immonde est revenue.

     

    L’impuissance est le mot central de ce roman : impuissance de Walid à se faire comprendre, de son avocat à le défendre, des jurés dubitatifs à se faire entendre… Sa situation d’immigré pèse trop lourdement dans la balance. Sa réussite aux études cache sans doute quelque chose et le dégoût -qu’il dissimule mal- face au pouvoir en place sont autant de preuves accablantes qu’il est forcément coupable.

     

    Emmanuel Flesch parvient à tenir le lecteur en haleine jusqu’au bout quant au verdict prononcé et sa description de ce futur dystopique, plausible, horrible et tout en nuances malgré tout, est glaçante. Captivant, maîtrisé et d’une grande intensité, ce roman est bouleversant. A lire absolument.

     

     

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