• Les bâtisseurs du vent, Aly DEMINNESans cœur étaient les nantis du village reculé où se déroule l'histoire ici contée. Et sans âme se sont-ils tous, à la fin, retrouvés. Entre la première et la dernière page de ce livre, quatre saisons vont défiler. L'église va, une nuit d'été, être démolie par la foudre. Le bourgmestre, l'apothicaire, le curé Emmanuel et son terrible secret, sans oublier tous les autres qui ont vu mais se sont tus, tous ceux qui prospéraient dans les riantes ruelles et les jolies maisons vont condamner le petit peuple entassé dans les bas-fonds du bourg à l'impossible : reconstruire en quelques mois et de leurs mains l'église foudroyée. Andreï Voronov, notre héros, et son chat Miouchki, Fabrizio et Jamal, Zuang et les frères irlandais vont alors tenter de relever cet incroyable défi qui fera d'eux et pour toujours : les bâtisseurs du vent. 

     

    Mon avis :

     

    Narré et rédigé comme un conte, ce premier roman est un petit bijou. Tout en simplicité, il nous parle d’humanité, de nous, de nos aïeux car l’histoire racontée est universelle et intemporelle.

     

    Jetés sur les routes par les circonstances, Andreï et son père quittent la Pologne et arrivent fin des années 50 dans un petit bourg que l’on devine en Belgique. Ils s’installent au Vhan, une rue en pente, en dehors du village où vivent d’autres miséreux comme eux. Le père d’Andreï est maçon et initie son fils à l’art des bâtisseurs. Quand il décède, Andreï reste dans la maison de son enfance, près de chez son ami Fabrizio et au milieu de ceux qu’il a toujours connus. Au fil du temps, le quartier s’est étoffé mais tous ses habitants sont toujours aussi pauvres. Leur seule richesse est l’incroyable solidarité qui les lie au-delà de leurs origines, convictions ou situation familiale.

     

    Un soir de tempête, la foudre détruit l’église du village. Les notables se rassemblent autour du bourgmestre pour décider des détails de la reconstruction. Pingres, vils, pernicieux, ils refusent le devis de l’architecte qu’ils trouvent exagéré. Le maire avise alors Andreï et lui ordonne de reconstruire s’il ne veut pas être expulsé ainsi que tous ses voisins. Il ne sera bien sûr pas payé, c’est déjà un acte de charité que de l’accepter au village. Acculé, ce dernier négocie cependant l’acte de propriété des logements du Vhan en échange des travaux. Mais...

     

    D’espoir en désespoir, de peines en joie, ce récit nous entraîne au cœur d’un bourg comme tant d’autres où se côtoient mesquinerie, malfaisance, méchanceté mais aussi solidarité, amitié et humanité.

     

    Cette fable sociale au style tout en finesse ravira petits et grands. L’auteure, une jeune Belge dont c’est le premier roman, nous offre un récit d’une grande justesse, sur les relations humaines et les luttes d’influence. Sans porter de jugement, elle met en présence des personnages consistants et vrais qui réagiront aux aléas de la vie avec les valeurs qui sont les leurs. D'une grande acuité, cette fresque villageoise intemporelle nous confronte à nos propres idées et attitudes.

    Un vrai coup de cœur.

      

     

    Merci aux éditions Flammarion pour cet envoi.

     

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  • La promesse faite à ma sœur, Joseph NDWANIYEJean est Rwandais et vit depuis de nombreuses années en Belgique, où il suit un chemin sinueux d'étudiant-travailleur étranger. Il s'y est marié et est devenu père de deux enfants. Il a toujours rêvé de rentrer un jour au pays et d'être accueilli en enfant prodigue par toute sa famille. Il ne réalisera pas son rêve, hélas, d'abord faute d'argent, puis à cause du génocide qui s'est déroulé sous les yeux du monde entier et dans l'indifférence. Des centaines de milliers de ses compatriotes sont assassinés. Pourquoi sa sœur Antoinette fait-elle partie des victimes ? Où se trouve son frère jumeau porté disparu ?

    Il décide enfin d'aller sur place éclairer ses doutes auprès de sa vieille mère, la seule rescapée de la famille.

     

    Mon avis :

     

    Infirmier aux Cliniques St Luc à Bruxelles, Joseph Ndwaniye vit en Belgique depuis 30 ans. Son roman, réédité chez Espace Nord à l’occasion du 25e anniversaire du génocide au Rwanda, est paru en 2007.

     

    La première partie du récit se fonde sur les souvenirs d’enfance de l’auteur, dans un village quitté en 1986 pour suivre ses études en Belgique. Jean, le narrateur, vit paisiblement dans une famille heureuse et unie sur la colline de Kibingo. Avec l’arrivée de missionnaires protestants allemands, le village s’est doté d’un temple, d’une école primaire et d’un service de soin de santé. Avec son jumeau Thomas et les enfants du médecin allemand, il vit une enfance joyeuse et insouciante, va à l’école et travaille chez sa grand’mère, une femme de tête, paysanne intraitable sur la valeur du travail.

    La seconde partie est fictionnelle : Jean, lui aussi établi en Belgique, retourne au pays 17 ans après son départ, pour retrouver sa mère. Le conflit entre Tutsis et Hutus a eu lieu dix ans plus tôt. Son frère a disparu, sa sœur et sa famille ont été massacrés, son père est décédé quelques années après le génocide ; seule reste sa maman.

    Dès l’arrivée de Jean au Rwanda, un fort sentiment de culpabilité l’habite. Le regard des autres, leurs questions parfois, le mettent face à ses remords : pourquoi ai-je survécu ? Pourquoi n’étais-je pas là pour les sauver ? Jean se sent responsable et aura la vision de ses défunts auprès desquels il cherchera des réponses et des apaisements. Il est aussi bouleversé de ne pas reconnaitre son pays qui s’est modernisé et a abandonné nombre de coutumes ancestrales.

     

    Ce roman ne raconte pas le génocide en tant que tel car Jean n’en a pas été un témoin direct. Il l’évoque bien sûr et l’ombre des massacres est omniprésente. Ils sont là sur les visages croisés, sur les corps meurtris, sur les mots pesés avant d’être prononcés. Ce roman donne plutôt du génocide une vision post-traumatique. Il parle aussi de l’exil et du retour sur la terre natale qui confronte les souvenirs et les rêves à la réalité.

     

    J’ai bien aimé cette autofiction même si je m’attendais à un récit plus précis sur les événements. Cependant, il révèle d’intéressantes facettes de la situation d’après génocide qui démontrent toute la complexité du drame. C’est un roman touchant à lire et à faire lire aux adolescents.

     

    La promesse faite à ma sœur, Joseph NDWANIYE 

     

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  • Today we live, Emmanuelle PIROTTEDécembre 1944. C’est la contre-offensive allemande dans les Ardennes belges. Pris de panique, un curé confie Renée, une petite fille juive de sept ans, à deux soldats américains. Ce sont en réalité des SS infiltrés, chargés de désorganiser les troupes alliées. Ils décident d’exécuter la fillette. Mais au moment de tirer, Mathias, troublé par le regard de l’enfant, tue l’autre soldat. Commence dès lors une cavale, où ils verront le pire, et parfois le meilleur, d’une humanité soumise à l’instinct de survie.

     

    Mon avis :

     

    Premier roman d’Emmanuelle Pirotte, cet ouvrage était dans la sélection 2018 du Prix Eurégio (il propose aux lycéens de Belgique, Allemagne et Pays-Bas une sélection de six romans parus en français, allemand et néerlandais, pour lesquels ils voteront) Mon fils l’a lu et l’a apprécié. C’est donc sur ses conseils que je l’ai sélectionné pour le mois belge. Depuis, j’ai appris qu’une adaptation cinématographique était en cours et que le « Mois belge » le sélectionnait pour une lecture commune. Tout cela n’était-il pas gage de qualité ?

     

    La force de l’auteure est de ne pas tourner autour du pot. Dès les premières lignes, nous sommes plongés au cœur de l’action et le rythme ne faiblira pas jusqu’à la fin.

    Alternant le récit du quotidien et des flashbacks où l’on découvre la vie menée par Mathias avant sa rencontre avec Renée, Emmanuelle Pirotte nous présente, d’une écriture fluide et sans fioriture inutile, différents tableaux : l’errance, la survie, la peur, la vie dans une cave, les délations, l’enfance, les combats violents, les horreurs de la guerre, la vie sauvage dans une forêt canadienne… A travers ces tableaux, elle nous laisse entrevoir une facette des personnages dont le portrait tout en entier ne nous apparaît qu’au fil des pages. Loin d’être lisses, ils portent en eux des contradictions, des ambiguïtés qui ne les rendent ni tout à fait bons ni tout à fait mauvais.

    La guerre est longue, cruelle et tous souhaitent retrouver leur vie d’avant. Chacun doute, a peur, espère. Des personnalités se révèlent, d’autres changent, évoluent car la guerre a laissé des traces et marqué chacun. Rien ne sera plus comme avant, chacun le sait.

    Dans ce décor glaçant et glacé, Renée dénote par sa force lumineuse. Cette enfant ballottée par les événements a échappé à la mort par sa seule force mentale et la profondeur du regard qu’elle a porté sur celui qui la tenait en joue. Elle force le respect par sa détermination et son calme aux pires moments. En croisant Mathias, elle va bouleverser son existence et ses certitudes. Plongé en pleine aporie, il en devient vulnérable et en même temps plus humain.

     

    On sort de ce roman avec un sentiment trouble tant l’auteure a réussi à nous ébranler. Le regard porté sur les faits et les gens est brouillé. Et on ne peut s’empêcher de se demander comment nous aurions réagi à leur place.

     

    Un roman fort et puissant qui a en plus le mérite de se baser sur des faits historiquement exacts (l'opération Greif et la Bataille des Ardennes). A lire et à donner lire aux adolescents.

     

     Today we live, Emmanuelle PIROTTE

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  • La vieille dame et moi, Jacqueline HARPMANIl est si ennuyeux d’être soi-même et cela nous fait vivre en si mauvaise compagnie que nous nous acharnons à devenir une autre personne, plus fréquentable et que nous ne détesterions pas.

     

    Mon avis :

     

    Attendant la venue de ses enfants, une auteure rédige à l’ombre sur sa terrasse. Arrive une dame importune qui entrave son travail et dialogue avec elle. Commence alors un échange musclé, véritable réquisitoire contre la romancière.

    On comprend assez vite qu’il s’agit de son double, un double décalé qui va révéler la narratrice dans ses plus intimes secrets. Cette dame a dix ans de plus qu’elle, elle est au bord de la mort et comme elle le dit « déjà attachée à tout un appareillage, des appareaux, pour ne pas mourir tout de suite ». Entre les deux femmes va s’installer un dialogue impertinent où la visiteuse tente de déstabiliser la romancière. Celle-ci, toujours trop polie, tout en retenue, autant dans sa vie que dans son écriture, tente de se défendre.

     

    Dès le début de ce très court roman, j’ai pensé aux « Catilinaires » d’Amélie Nothomb. La narratrice y fait d’ailleurs référence (p.26) établissant un rapprochement entre sa situation et celle décrite par Nothomb.

    Jacqueline Harpman nous propose ici une sorte de récit psychologique où elle réfléchit sur la prétention de l’écrivain, la futilité de l’écriture et l’immodestie qui consiste à croire que ses pensées et ses idées peuvent avoir de l’intérêt pour autrui. Ce roman testament, paru en 2001, permet aussi à la romancière d’interroger son rapport à la langue, au style, à la phrase qu’elle voulait parfaite.

     

    Humour et auto-dérision sont bien présents ici dans ce beau texte dont la morale pourrait être : le plus important est-il d’accomplir de grandes choses dans la vie ou d’être satisfait de celle-ci ?

    Cette première lecture que je fais de Jacqueline Harpman me donne envie d’en découvrir davantage.

     

    La vieille dame et moi, Jacqueline HARPMAN

     

     

     

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  • Depuis mon coeur a un battement de retard, Valérie COHENJoli brin de femme épanouie à la carrière radieuse, la vie d’Emma semble toute tracée. Développer son entreprise de prêt-à-porter, cultiver ses amitiés, aimer paisiblement son mari et son fils. Mais une fois par an, Emme revient à ce jour, il y a vingt ans, lorsque son amour de jeunesse l’a quittée. Quand elle apprend que cet homme est actif sur un site de rencontre pour personnes mariées, la tentation est grande de revisiter ses souvenirs.

     

    Mon avis :

     

    Une fois de plus Valérie Cohen nous parle au cœur. Cette fois elle pose la question de l’impact du premier amour. Quelle trace laisse-t-il dans nos vies ? Peut-on tourner la page sans renoncer à hier ?

    Emma a tout pour être heureuse : un mari qui l’aime et ne voit pas les défauts qu’elle se trouve, un fils adolescent sans problème, une amie dévouée et un travail qui la passionne. Pourtant, elle semble passer à côté de sa vie, n’en jouit pas vraiment. La raison ? Un amour de jeunesse qui a pris fin sans préavis, sans un mot. Depuis, son cœur a comme un battement de retard. Il lui manque toujours quelque chose. Suite à une rencontre impromptue, Emma se décide à chercher son premier amour sur un site de rencontres. Mais peut-on, doit-on tenter de réveiller le passé ?

    Valérie Cohen nous raconte la vie d’une femme - qui pourrait être nous - avec tact, sensibilité et humour. Comme à son habitude, elle ne porte pas de jugement sur son héroïne mais invite les lecteurs à s’interroger : feraient-ils de même ? Comprennent-ils Emma ? Ont-ils tourné la page sur leur propre passé ? Quel est le feu qu’ils nourrissent ?

    Avec la plume fluide qu’on lui connait, elle nous propose une belle brochette de personnages particulièrement bien cernés et décrits. Dans l’univers d’Emma gravitent Yvan, son mari depuis près de 20 ans ; Arthur, son fils ; Alexandra son amie d’enfance, fidèle, drôle, bousculante ; Gilles, son ami de fac et associé, qu’elle adore ; son père qu’elle aime tendrement ; Agnès, son ancienne prof d’anglais. Tous ont une place particulière dans le cœur et la vie d’Emma, tous l’aiment, parfois mal, parfois sans le dire, mais tous sont bel et bien là pour elle. Et pourtant, celui qui occupe ses pensées est absent depuis 20 ans, parti sans laisser de trace. Ce vide qu’Emma ressent depuis lors ne semble pas se combler. Malgré les mises en garde d’Alexandra, elle va tenter de retrouver Jean-Philippe. Que cherche-t-elle vraiment ? Une explication ? L’occasion d’enfin tourner la page ? Ecrire la suite d’une histoire interrompue brutalement 20 ans plus tôt ? Ne risque-t-elle pas de s’y brûler les ailes ? De mettre tout son équilibre en péril ?

    Valérie Cohen signe un 5e roman abouti et agréable à lire. Dosant avec subtilité le suspens, les rebondissements et les révélations des uns et des autres, elle décrit de beaux personnages ayant chacun leurs qualités et leurs faiblesses, des blessures aussi qu’ils portent avec pudeur. Elle sonde l’âme humaine dans ce qu’elle a de plus sensible et nous rend ces personnages particulièrement attachants. Alternant présent et passé, elle dresse lentement la situation et ses causes. Le tout s’assemble alors sous nos yeux pièce par pièce.

    Roman d’atmosphère aux émotions vraies, cet ouvrage se déguste comme une friandise.

    Merci aux éditions Flammarion pour cet envoi.


    Depuis mon coeur a un battement de retard, Valérie COHEN

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  • Toutes les couleurs de la nuit, Karine LAMBERTLe diagnostic est irrévocable. D’ici trois semaines, Vincent aura perdu la vue. Confronté à son destin, ce prof de tennis de trente-cinq ans qui avait tout pour être heureux expérimente le déni, la colère et le désespoir.
    Comment se préparer à vivre dans l’obscurité ? Sur qui compter ? Alors que le monde s’éteint petit à petit autour de lui et que chaque minute devient un parcours d’obstacles, il se réfugie à la campagne où il renoue avec ses souvenirs d’enfance. Les mains plongées dans la terre, Vincent se connecte à ses sens, à l’instant présent et aux autres. Il tente de gagner le match de sa nouvelle vie.
     

     

    Mon avis :

     

    Vincent a tout pour être heureux quand le diagnostic tombe : il est atteint de la neuropathie optique de Leber et deviendra aveugle à très court terme. Ce professeur de tennis adulé par ses élèves, en plein projet de couple, voit sa vie basculer.

    D’abord dans le déni, il refuse d’en parler à ses proches et quitte tout pour goûter aux derniers plaisirs de la vue. Il fonce, s’égare, se fourvoie en croyant se trouver. En colère, il évoquera d’abord sa maladie à une vague connaissance avant d’oser affronter ses proches qu’il tient à distance. Les réactions seront diverses et le fermeront peu à peu au monde. En même temps qu’il perd lentement la vue, il perd aussi l’espoir d’une vie normale et d’un amour. Il faudra la persévérance de son entourage, l’aide inattendue de certains et une prise de conscience personnelle pour enfin oser vivre et croire au bonheur. Mais rien ne sera simple et évident.

     

    L’idée du roman est née il y a 4 ans après une rencontre avec un aveugle qui a affirmé à l’auteure qu’il était plus heureux depuis sa cécité qu’avant. Karine Lambert s’est alors demandé ce qu’elle ferait, ce qu’on pouvait faire quand on avait un laps de temps si court pour changer de vie. Photographe de formation, la vue est pour elle essentielle dans son métier et cela se sent dans sa manière de décrire l’environnement de Vincent au fil des pages. Elle n’omet aucun détail.

    Ce roman nous immerge dans le noir par petites touches. Subtile, nuancé, il nous parle d’une maladie qui sera tout sauf un drame quand Vincent sera entré dans l’acceptation de son état. Grâce à ses racines et ses souvenirs d’enfance, il se créera une vie nouvelle où tous ses autres sens se déploieront.

     

    Plein d’émotions et pourtant tout en retenue, ce récit nous invite à nous demander s’il faut obligatoirement vivre un choc pour changer de vie ? Une question dont je vous laisse trouver votre réponse.

    Merci à Karine Lambert pour cette jolie découverte. Le roman sort le 17 avril.

     

    Rencontre avec l'auteure ici.

    Toutes les couleurs de la nuit, Karine LAMBERT

     

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  • Belgiques, Les Politichats, Frank ANDRIATQui est ce Monsieur Michel qui abandonne Doudou à Mons ? Qui est Schildje sauvé de la noyade par un sans-papiers ? Qui est César malade des victoires des Diables Rouges ? Qui est Chtaline victime d'une tentative de meurtre ? Et qui est cette Roquette qui insupporte tout le monde ? Neuf portraits cocasses de nos stars politiques transformées en chats. Une Belgique comme on la connaît : décalée dans son conformisme, grinçante dans la décadence. À miauler de rire !

     

    Mon avis :

     

    Ce recueil de Frank Andriat est le 5e de la série Belgiques des éditions Ker. En neuf nouvelles, introduites par des extraits des chansons de Stromae, il dresse neuf portraits de politiciens, sur un ton humoristique. Chacun a une vision personnelle du pouvoir qu’elle soit noble, égoïste, trouble ou naïve… Difficile de ne pas reconnaitre l’un ou l’autre de nos politiciens derrière ces chats et leur pratiques politiques.

    Doudou ressemble à un Premier ministre avec son coussin de soie ; Schildje, en vacances en Wallonie malgré lui manque de périr mais est sauvé par un sans papier ; Prince, qui porte bien son nom, ne fréquente pas n’importe qui ou encore Patton et Ice, deux frères ennemis…


    Frank Andriat nous propose une farce à la manière de Molière ou de La Fontaine. Une manière salutaire de critiquer la politique que l’on nous sert et dans laquelle nous ne retrouvons pas.

    On aimera, ou pas, ce ton volontairement caustique, parfois décalé mais toujours mu par la volonté de dénoncer un système qui ne nous représente plus. Frank Andriat nous dessine une Belgique grinçante et décadente sur un ton chat-oyant.

    Un roman belgo-belge indispensable en ce mois belge.

    A découvrir !

     

     

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